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Apres la démolition de leurs étals, Les Ngorois affrontent les gendarmes
Sud Quotidien (Dakar)
ACTUALITÉS
23 Avril 2004
Publié sur le web le 23 Avril 2004

By Moussa Diop

Les populations du village de Ngor sont décidées à affronter la gendarmerie pour garder leurs étals sur la plage de la pointe des Almadies. La chaude après-midi vécue hier, pourrait être le début d'un long feuilleton si les angles ne sont pas arrondis par les autorités. Encore une fois, c'est un problème foncier qui est à l'origine du face à face entre villageois et forces de l'ordre.

De violentes émeutes ayant fait plusieurs blessés selon des témoignages recueillis sur place, ont éclaté hier, jeudi 22 avril, dans le village de Ngor, opposant des éléments de la gendarmerie aux villageois. Le face à face entre les populations du village, qui ont lancé des pierres et enflammé des pneus sur la principale voie d'accès, et les éléments de la gendarmerie qui ont utilisé des grenades lacrymogènes, a duré toute la journée. C'est le bail d'un terrain situé à la pointe des Almadies, accordé à un libano-sénégalais, qui fait l'objet de la levée de bouclier des villageois qui n'ont pas hésité à sonner la mobilisation générale et à sortir massivement pour faire face aux forces de l'ordre. C'est un certain Thioune qui aurait cédé le terrain de deux cents mètre carrés, au libano-sénégalais à qui les villageois l'intention de construire une cafétéria. A en croire les populations de Ngor, ils seraient au total près de deux cents vendeurs à squatter les lieux qui font l'objet du conflit. Le terrain en question abritait des vendeurs de fruits de mer originaires du village de Ngor, avant que sur autorisation du gouverneur de la région de Dakar, des bulldozers n'entrent en action, hier matin pour démolir les cantines et autres étals, suscitant ainsi la colère des occupants qui ont opposé une vive résistance. Chassés de la pointe des Almadies par les gendarmes, les vendeurs ont rappliqué sur le village de Ngor, où les forces de l'ordre ont fait une descente musclée selon les témoignages recueillis hier. Et c'est tout un village qui est sorti pour faire face à ce qu'un groupe de villageois trouvé à l'entrée de Ngor, appelait " le bradage des terres des ancêtres et l'usurpation ". Des hommes, des femmes surtout et des jeunes ont en effet pris d'assaut hier les accès du village, faisant face aux gendarmes qui ont installé leur base au carrefour de la route de l'aéroport.

L'après-midi a été chaude si l'on en croit les villageois qui ont soutenu que des femmes ont été bastonnées et rasées par les gendarmes qui ont balancé des grenades lacrymogènes dans le marché et même dans le jardin d'enfants. " Ils n'ont pas hésité à battre une femme qui venait de Ouakam, à lui couper les cheveux de même qu'un charretier et un autre garçon qui a été grièvement blessé pendant ces émeutes ", racontent des femmes visiblement très émues.

Les hommes en bleu se seraient livrés à de véritables sévices selon les dires des villageois décidés à leur tenir tête. C'est tout le village qui a décidé d'en découdre avec les forces de sécurité qui ont mobilisé une véritable armada pour l'entrée du village. C'est tard en fin d'après-midi que le blocus imposé par les gendarmes a été levé alors que la soldatesque était encore sur place. " Nous ne céderons à rien. Ils marcheront sur nos corps, mais nous continueront à vendre nos produits sur la pointe des Almadies. Il y va de notre vie et de notre dignité. Ce sera la troisième guerre mondiale, mais on ira jusqu'au bout ", fulminent les villageois. Des accusations balayées par un gradé de la gendarmerie qui affirme que ce sont le villageois qui ont érigé des barricades et enflammé des pneus vers le croisement Razzel, nécessitant ainsi l'intervention des forces de l'ordre. A en croire la gendarmerie, aucune forme de mauvais traitement n'a été réservée aux manifestants.

Ils promettent de remettre ça aujourd'hui et d'ériger des barricades sur la route des Almadies dès samedi pour barrer l'accès. De chaudes empoignades sont à prévoir si ces derniers ne reculent.

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