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Revue du 12 au 16 Avril 2004

Les populations de Kita saccagent et incendient le domicile de Baba Oumar Boré, député URD

 

Lundi 12 avril 2004, le domicile du député URD ainsi que le commissariat de police de Kita ont été saccagés et incendiés, suite à une cassette diffusée par l'antenne locale de radio Kayira de Kita, contenant les promesses électorales du député Baba Oumar Boré en 2002. Les maliens étaient consternés, surtout nos honorables députés.

Les journaux titrent :
" Le domicile du député Baba Oumar Boré et le commissariat de Kita saccagés et incendiés ", titre " L'Indépendant " du 14 avril 2004.
" Violence préélectorales, les vraies raisons de l'attaque contre le député Boré " titre " le Malien " du 15 avril 2004.

L'assemblée nationale du Mali a appris la nouvelle par Bobo Tounkara, un des députés de Kita, très touché, qui tout comme Baba Oumar Boré, avait lui en 1998, subi le même sort à la veille des élections communales

" La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre dans un ciel limpide en ce début d'après-midi d'hier 13 avril à l'assemblée nationale : la maison de Baba Oumar Boré, élu à Kita, a été pillé et incendié par des lycéens en colère.
L'information reçue par l'honorable Bobo Tounkara, un des députés de Kita a été immédiatement transmise aux membres du groupe parlementaire URD-UDD et au premier vice-président de l'Assemblée nationale, Me Mountaga Tall. Celui-ci a même accordé une audience à Bobo Tounkara très secoué par l'événement.
…Rappelons qu'en 1998, à la veille des élections communales, le domicile de Bobo Tounkara, alors député Adema, avait connu le même sort que celui de son collègue et ami Baba Oumar Boré.
", écrit " L'Indépendant " du 14 avril 2004.

Pourquoi une telle violence ?
" C'est presque l'état de siège dans la ville de Kita depuis les événements malheureux du lundi soir. La ville vit sous haute tension. Face à des populations déchaînées, font face des dizaines d'éléments des forces de sécurité. Que s'est-il passé ?
Il nous a été rapporté que dans la soirée du mardi dernier, la radio Kayira de Kita a rediffusé une cassette du candidat Adema aux dernières élections législatives, en l'occurrence Baba Oumar Boré. Cette cassette s'appelait Boré I. Une cassette qui rappelait les promesses électorales du candidat d'alors. Comme on s'y attendait, la population suivait de près l'émission. Aujourd'hui, ayant rallié l'URD, le député Boré se précipita dans les locaux de la radio. Vaines protestations. L'émission se poursuivit. Puis, il alla voir le procureur de la ville et protesta. Celui-ci saisira, à son tour, le commissaire de police. La police fait une descente dans les locaux de la radio et saisit la cassette incriminée. Des animateurs seront interpellés momentanément. ",
écrit " Le Malien " du 15 avril 2004.

Pour le député Bobo Tounkara de Kita, " " c'est la radio Kayira de Kita qui est à l'origine de l'incendie du domicile de Baba Oumar Boré ", écrit " L'indépendant " du 14 avril 2004.

Version du président du groupe Kayira Oumar Mariko
" Joint par téléphone, le président de l'association Kayira, le Dr Oumar Mariko, a laissé entendre que c'est le procureur de la république près le tribunal de première instance de Kita qui a provoqué l'incendie à travers sa mauvaise décision. " selon mes informations, la radio Kayira a diffusé, dans la nuit du lundi dernier, une vieille cassette relative aux promesses électorales de Baba Oumar Boré en 2002. Subitement, l'intéressé a débarqué dans les locaux de la radio pour instruire aux animateurs d'arrêter la diffusion de la cassette. Ce qu'ils ont refusé. C'est ainsi qu'il est allé se plaindre auprès du procureur qui a envoyé séance tenante le commissaire et deux éléments de la police pour retirer la cassette des ondes. Choquée par cette mesure qu'elle considérait sans doute comme une violation de la liberté d'expression de la radio et de son propre droit à l'information, la population est sortie massivement le lendemain pour prendre d'assaut la station en réclamant la diffusion de la cassette. C'est ce qui a provoqué l'attaque à la fois du commissariat et du domicile de Baba Oumar Boré. J'ai eu le procureur au téléphone et je lui ai dit qu'il est responsable de la situation actuelle. Je dois préciser que la cassette a été remise à la radio. Voilà ce que je sais pour l'instant du drame de Kita ", a expliqué le Dr Mariko ", écrit " L'Indépendant " du 14 avril 2004

" Entre temps, alertées, les populations ont commencé à se diriger vers les locaux de Kayira par solidarité. Le mardi, le Dr Mariko, coordinateur du réseau Kayira, en déplacement à Ségou, reçoit un message comme quoi les gens de Kita veulent marcher pour tel motif sa réponse rejoint celle des responsables locaux de Kayira appelant les gens au calme et à la retenue.
Puis le Dr Mariko tente de rentrer en contact avec le commissaire et le procureur. L'un et l'autre estiment qu'il y avait mauvaise foi des animateurs car Boré n'était plus Adema. Réplique du Dr Mariko, il n'est pas rare que l'on rappelle à ATT ses anciens propos et pourtant il ne fait saisir aucune cassette. Et pendant que les deux autorités donnaient une justification à leurs actes, l'on apprit que des gens se sont attaquées au domicile de Boré. C'est dire que la mauvaise gestion du procureur de cette affaire en est pour beaucoup dans l'attaque contre le député Boré. Ce dernier avait l'opportunité de porter plainte contre Kayira, si jamais il estimait ses propos déformés ou …
" écrit " Le Malien " du 15 avril 2004.

Pourquoi la diffusion de cette cassette...
" Ce qui est sur, c'est que la précampagne du scrutin communal du 30 mai est pour beaucoup dans la dérive violente constatée à Kita. La diffusion de la cassette par la radio est une manière pour elle de rappeler à Boré ses promesses non tenues et, bien sur, de le mettre en porte à faux avec les électeurs. Vu sur cet angle, on ne peut rien reprocher à la radio Kayira. Mais si par aventure, il s'avérait que c'est elle qui a appelé la population ou les lycéens à s'attaquer à la fois au commissariat et à la maison de Baba Oumar Boré, la radio Kayira serait fautive.
…Reste à savoir si le procureur est encore habilité à ouvrir une information sur les événements et si les vrais coupables seront retrouvés et châtiés conformément à la loi.
" écrit " L'indépendant " du 14 avril 2004.

 

http://www.essor.gov.ml/sem/cgi-bin/view_article.pl?id=6637

Saccage du domicile de Baba O. Boré à Kita:L'URD demande justice

l'Essor n°15188 du - 2004-04-20 08:00:00  

Une vive émotion a saisi l'Union pour le république et la démocratie après la mise à sac du domicile du député Baba Oumar Boré à Kita le mardi 13 avril dernier. 

Lors d'une conférence de presse organisée samedi au siège du parti, le président de l'URD Younoussi Touré a dit la colère et l'indignation de sa formation et son soutien à Baba Oumar Boré et à sa famille.

Dans une déclaration liminaire, l'ancien Premier ministre est revenu sur les événements qui ont conduit au saccage du domicile du 5è vice-président de l'Assemblée nationale et secrétaire chargé des relations avec les élus et des questions électorales de l'URD.

Younoussi Touré expliquera ainsi que Baba Oumar Boré était à son domicile à Kita, quand il fut surpris d'entendre sa voix sur une station locale, Radio Kayira, appelant à voter pour l'Adema, son ancien parti. Le temps de la surprise passé, le responsable de l'URD comprit très vite qu'il s'agissait de propos qu'il avait effectivement tenus en 1997 sur Radio Kurukan, dans le cadre des élections municipales de cette année (en fait les municipales n'auront lieu à Kita que le 21 juin 1998). De son point de vue, la diffusion de cette cassette était tout a fait inopportune et les propos sortis de leur contexte. Si en 1997, Baba Oumar Boré appelait à voter pour l'Adema, entre-temps, la situation politique a évolué. L'élu a quitté l'Adema. Membre fondateur du l'URD, Baba Oumar Boré revenait de l'intérieur du cercle pour constituer les listes des candidats pour le compte de l'URD, quand il fut surpris par la diffusion de la cassette dans laquelle il appelait à voter Adema. Pour lui, la situation était de nature à créer la confusion dans la tête des militants de son parti, expliquera Younoussi Touré.

Sa première réaction, poursuivra le président de l'URD, fut donc d'aller négocier avec les responsables de la radio pour obtenir l'arrêt de la diffusion de la cassette. Face au refus de ces derniers, il décide de saisir la justice. Et c'est sur ordre du procureur de la République de Kita, précise Younoussi Touré, que les policiers se rendirent à la radio pour saisir la cassette.

Une confiscation mal appréciée à la radio, comme on peut s'en douter. Que s'est-il passé ensuite ? Selon Younoussi Touré, toute la nuit des intervenants ont protesté en direct contre la saisie de la cassette. Il y a-t-il eu des appels à la violence ? L'enquête le dira. Dans tous les cas, le lendemain, une foule de mécontents se regroupa avant de se diviser en 3 groupes et d'attaquer simultanément le commissariat de police, le palais de justice et le domicile du député. La police et le tribunal étant bien protégés, les assaillants furent repoussés. Par contre le domicile de Baba Oumar Boré fut dévasté et brûlé, les greniers vidés, les animaux domestiques égorgés et les objets de valeurs emportés. Les habitants de la maison n'eurent que le temps de s'enfuir. Heureusement on ne déplore aucune perte en vie humaine.

A l'URD, on s'étonne de la violence avec laquelle les assaillants ont agi et on salue l'appel au calme de Baba Oumar Boré et des autres responsables de l'URD qui aurait empêché que s'enclenche le cycle des représailles.

Younoussi Touré redoute que ce dérapage ne soit un signe avant coureur de la campagne électorale (pas encore ouverte) pour les élections à venir. Il en a appelé à toute la classe politique pour qu'elle fasse barrage à des excès susceptibles de perturber durablement le jeu politique dans notre pays.

L'URD demande donc que justice soit rendue et appelle tous ses militants à ne pas répondre à la provocation.

A. LAM

 

http://www.afribone.com/actualite/republicain/2004/2204.html

22 avril 2004

Affaire radio Kayira - Baba O. Boré à Kita : les animateurs libérés

Les six (6) animateurs de la radio Kayira de Kita et un auditeur, arrêtés suite au saccage du domicile du député URD Baba Oumar Boré, ont été libérés mardi dernier, dans l'après-midi. L'information a été donnée hier par le directeur général du réseau Kayira, le docteur Oumar Mariko lors d'une conférence de presse.

En décidant de rencontrer les hommes de presse ce mercredi matin au siège de radio Kayira de Bamako, le Dr. Oumar Mariko voulait donner des éclaircissements sur les raisons qui avaient valu l'incarcération aux animateurs de la radio Kayira de Kita après l'incendie du domicile du député Baba Oumar Boré. Avant d'entrer dans le vif du sujet, le Dr. Oumar Mariko a condamné l'assassinat du chef du Hamas par Israël et salué la résistance du peuple d'Irak contre "l'impérialisme" américain.

Comme pour rafraîchir la mémoire des uns et des autres le docteur Mariko a fait le film des évènements ayant abouti au saccage du domicile du député Boré (évènement largement rapporté dans la presse). A la lumière de ce récit autant Oumar Mariko a jugé la diffusion de la cassette nécessaire et juste, autant il a condamné la façon coercitive et barbare avec laquelle la cassette diffusée a été retirée.

En effet, selon Oumar Mariko la cassette qui comporte l'intervention d'autres personnes a commencé à être diffusée sur les antennes de radio Kayira de Kati depuis le mois de septembre dernier. La diffusion de la cassette est d'autant plus juste que, selon Mariko, le député Boré avait promis monts et merveilles aux populations de Kita, auxquelles il a demandé de le lui rappeler en cas de non-réalisation des promesses électorales ainsi faites. Et non seulement les promesses n'ont pas été tenues, explique le conférencier, mais aussi le député Boré a taxé les populations de Kita de "fainéants" avant de changer de parti (de l'Adema à l'Urd).

Selon Oumar Mariko, Boré, le procureur de Kita et le commissaire ont agi dans l'illégalité en décidant de la saisie par la force de la cassette diffusée. Tout au plus, a-t-il argumenté, le député Baba O. Boré aurait après diffusion de la cassette, pu faire un droit de réponse ou encore porter plainte. Le conférencier a par ailleurs démenti l'envoi d'une quelconque mission parlementaire à Kita.
Réagissant à la libération des animateurs, Oumar Mariko a rendu un vibrant hommage au conseil supérieur de la communication (CSC), pour son implication dans cette libération et celle consécutive à l'affaire "Soroba".

Un hommage allé droit au coeur du représentant du CSC, Oumar Touré présent à la conférence de presse. Il a également félicité le ministère de la Justice qui, selon lui, après avoir été saisi par le CSC et ayant constaté l'illégalité de la démarche du procureur de Kita, a libéré les animateurs et l'auditeur de la radio. Les animateurs libérés depuis ce mardi 20 avril 2004 sont : Noumouké Sidibé, Abdoulaye Danioko, Karamoko Cissé, Ibrahima Kanté, Balla Coulibaly et Chaka Camara. L'auditeur s'appelle Boubacar Touré.

Moussa Camara