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06-03-2004

La tension sociale monte à l'approche de la présidentielle
Emeutes à Bouira

De notre correspondant

La colère gagne de plus en plus de terrain chez les citoyens des différentes localités de Bouira faisant monter d'un cran la tension sociale à l'approche de la présidentielle.
Hier matin, les habitants de la commune de Aïn El Aloui, localité arabophone située à 17 km à l'ouest du chef-lieu de la wilaya, ont investi la rue exprimant leur ras-le-bol sur la dégradation persistante de leurs conditions de vie et le mépris délibéré affiché jusque-là par les responsables locaux chaque fois que leurs doléances ont été portées au niveau des services concernés. La non-alimentation de la ville de Aïn El Aloui en gaz de ville, revendication à maintes fois avancée par les habitants de cette localité, était à l'origine des émeutes d'hier. Lassés des promesses sans suite des responsables approchés par le passé, les jeunes de la ville ont procédé hier à la fermeture de la route principale reliant leur localité au chef-lieu de la wilaya, à l'aide de pierres et des pneus enflammés. Les jeunes gagnés par la colère se dirigeront ensuite vers le centre culturel. L'établissement ravagé subira de sérieux dommages. Les jeunes émeutiers tenteront de gagner le siège de l'APC et parviendront à saccager un véhicule de service de la commune. Les responsables de la wilaya et de la daïra se déplaceront sur les lieux tentant de dissuader les jeunes révoltés de propager l'émeute aux autres coins de la ville. Ils se calmeront tout en laissant entendre qu'ils réinvestiront la rue si jamais « les promesses des responsables s'avéraient encore une fois des paroles en l'air ».
Pour rappel, cette localité de l'ouest de Bouira a déjà connu des évènements similaires il y a quelques mois. Les citoyens de Aïn El Aloui avaient alors déclenché l'émeute, réclamant la pose immédiate de dos-d'âne sur la route traversant leur ville où un citoyen a trouvé la mort dans un tragique accident de la circulation. Par ailleurs, dans la même journée d'hier, les citoyens du village Ziraoua, situé entre les localités de Djebahia et Aomar, une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Bouira, ont recouru à la rue pour faire entendre leurs revendications maintes fois formulées aux responsables de la commune. Ils procéderont à la fermeture de la route reliant ces deux localités par des barricades de pierres empêchant ainsi toute circulation automobile.
Ces citoyens exigeront, entre autres points d'une plate-forme de revendications sociales déjà déposée, il y a des mois, au niveau de l'APC et de la daïra, la construction d'un pont sur la rivière longeant leur village. Une rivière qui était à l'origine d'importantes inondations durant l'été dernier qui avaient contraint bon nombre d'habitants à la délocalisation. A noter que ce climat d'émeute qui s'installe pour la première fois à l'approche de l'élection présidentielle dans cette région de Bouira fait suite à des rumeurs faisant état de la volonté du Président-candidat Bouteflika de tenter une intrusion à Bouira du côté ouest de la wilaya, devant l'impossibilité de se rendre dans la région berbérophone qui a déjà affiché son hostilité devant la venue du Président. C'est dans cette région, rappelle-t-on, que des émeutes ont éclaté il y a deux semaines dans la localité de Taourirt, à une soixantaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya. Les citoyens de cette agglomération relevant de la commune d'Ath Mansour avaient fermé la RN 5 à la circulation, obligeant tous les usagers en provenance ou en partance vers l'est du pays à emprunter une route secondaire. Il est à signaler, enfin, que ces émeutes qui éclatent et s'installent progressivement dans les différentes localités de Bouira viennent en réponse aux multiples descentes effectuées ces dernières semaines à Bouira par « les redresseurs du FLN » et les groupes de soutien à Bouteflika prêchant les bienfaits de la politique du Président-candidat.
Ces relais du Président n'ont jamais cessé de déclarer que les conditions de vie dans ces localités ont connu une amélioration notable sous le règne de Bouteflika.
Mohamed Sadoun

 

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Skikda
La population ferme la porte de deux APC dans le massif de Collo

 

La population de Aïn Kechra, située à 72 km au sud-ouest de Skikda, bloque l'entrée de l'APC et la RN 43, depuis vendredi à 16 h, au motif que les structures administratives sont quasiment absentes dans la daïra, ce qui oblige les citoyens à faire de longs et coûteux déplacements. A cela s'ajoutent « la pauvreté et le chômage, dont la prise en charge se fait de manière souvent sélective », soulignent les citoyens. Le lendemain samedi, à 6 km au nord de la même daïra, dans la commune d'El Ouldja Boulbalout, la population sortait à son tour pour fermer l'APC sur la base des mêmes revendications. A l'heure où nous mettions sous presse, les deux édifices municipaux sont fermés par les citoyens qui ne veulent plus des promesses des représentants de l'Administration. A noter qu'une autre APC dans la même daïra est en ébullition pour d'autres motifs : le président de l'APC de Aïn Kechra est natif de la commune de Boudoukha.
M. Oudina

06-03-2004

 

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2004/03/07/print-2-6888.php

NEW


Actualités : ÉMEUTES A SKIKDA
La révolte de la population s’amplifie

Au moment où le président Abdelaziz Bouteflika était en visite dans la wilaya d’Annaba, la situation s’est détériorée hier dans la région de Skikda. Les émeutes ont pris de l’ampleur et la colère de la population a fait porter le mouvement de protestation dans la rue. Ainsi et dans la commune d’Aïn Kechra, à 60 km du cheflieu de wilaya, le siège de l’APC a été fermé hier par les habitants, qui ont aussi chassé les responsables locaux.
Ceci alors que la protestation s’est tendue à la commune de Bou El Bellout, à l’extrême ouest de la wilaya, où les bureaux des collectivités locales ont également été fermés et les responsables séquestrés pendant toute la matinée d’hier. La population revendique ainsi le départ des responsables locaux. Des jeunes en colère ont par ailleurs barricadé la route nationale n° 43 qui relie Skikda à la wilaya de Jijel. Ne s’arrêtant pas là, les émeutiers ont brûlé des pneus sur la route et empêché le passage de centaines de véhicules et de camions pendant deux jours consécutifs. La population, qui n’a pu retenir son indignation, revendique la révision des listes de l’emploi de jeunes et du filet social. Les jeunes chômeurs demandent également aux responsables locaux de les inclure dans l’encadrement des élections présidentielles. La population exige en outre l’installation d’un tribunal dans la daïra de Aïn Kechra ainsi que d’un service des impôts et d’un siège de la Sûreté , surtout que la commune connaît, selon ses habitants, une situation d’insécurité et la multiplication des vols durant la nuit et des agressions dont sont victimes les commerçants, notamment les habitants de Bou El Bellout, qui exigent pour leur part le départ des membres de l’APC qui, selon eux, n’ont pas réussi à sortir la région de son isolement et de sa pauvreté. Ainsi et en l’espace de 48 heures, quatre communes ont connu le soulèvement de la population à Skikda. Il s’agit de Tamalous, Kerkara, Aïn Kechra et Bou El Bellout. A Kerkara, les émeutiers ont également ciblé le siège de l’APC pour exiger plus de sécurité, et remettre une liste de revendications aux responsables locaux. Ils ont ainsi menacé de barricader la route nationale 85 qui relie Collo à Constantine pour se raviser par la suite et décider de donner “une autre chance” aux autorités. La situation d’insécurité, Kerkara la vit selon ses habilitants depuis le mois de juillet 2002 et ce, suite au départ de la Gendarmerie nationale.
R. N.

 

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08-03-2004

La population s'en prend aux relais de Bouteflika
Des édifices publics incendiés à Haïzer

De notre correspondant

Les émeutes qui se sont installées, depuis le début de la semaine, sur fond d'un ras-le-bol profond des citoyens nourri par un marasme social généralisé au niveau de la localité d'Aïn El Aloui, à l'ouest de Bouira, et le blocage de plusieurs routes à Djebahia, Guerrouma et Ath Rached, se sont propagées pour atteindre, hier, la daïra de Haïzer, 9 km à l'est du chef-lieu de la wilaya de Bouira. Hier matin, nous étions sur les lieux lorsqu'un bus affecté dans le cadre de la solidarité nationale à l'APC a essuyé des jets de pierres à son passage au centre-ville. Un groupe de jeunes en colère érigeront des barricades de pneus en flammes sur la route principale traversant la localité avant de se diriger vers le siège de la mairie. Un véhicule de service de la commune, une Toyota, qui venait juste de garer devant l'édifice est renversé et brûlé par les jeunes émeutiers. Ces derniers investiront le siège de l'APC qui sera complètement saccagé avant d'être à son tour la proie des flammes. Le siège de la daïra, situé juste à côté, ne sera pas épargné.
Les jeunes émeutiers qui tenteront d'investir le rez-de-chaussée de la bâtisse prendront la fuite brusquement. Ils diront « avoir essuyé des coups de feu de l'intérieur de la daïra ».
Dans l'enceinte de cette dernière, le véhicule du chef de daïra, une Clio, est incendié. Les émeutiers se retireront par la suite en direction du parc communal.
Un camion Sonacome est brûlé et deux autres véhicules seront saccagés. Les jeunes émeutiers saccageront le magasin du parc. Ces émeutes qui ont éclaté vers 10 h prendront fin au début de l'après-midi. Vers 14 h, des dizaines de véhicules des brigades antiémeutes de la gendarmerie sont dépêchés de Bouira à Haïzer où elles procèderont à la fermeture de la ville, avant de se poster devant les sièges de la daïra et de la mairie sans intervenir directement. A noter que les éléments de la brigade locale et ceux des brigades antiémeutes de la police, dont l'unité régionale se trouve à Haïzer, ne sont pas intervenus durant tous les évènements.
Des jeunes impliqués dans l'émeute nous expliqueront les motifs à l'origine de leur action.
Ils parleront de problèmes sociaux et du chômage qui rongent la jeunesse de la localité. Ils accusent le maire local, un élu indépendant, de « favoritisme dans l'attribution des postes d'emploi de jeunes et du filet social » et « de ne pas se soucier des difficultés quotidiennes des citoyens de la commune ». Plus grave encore, diront ces jeunes,
« le président de l'APC est impliqué directement dans l'installation d'un comité de soutien à Bouteflika dans la commune ».
« Au lieu de régler nos problèmes, notre maire, en complicité avec le chef de daïra, a facilité la tâche à des relais du Pouvoir pour ouvrir une permanence de Boutefkika à Haïzer », nous a déclaré un jeune émeutier. Le chef de daïra est aussi mis sur la sellette ; il est accusé de faire dans la manuvre, la ségrégation et le marchandage dans l'opération d'établissement du fichier du personnel désigné pour superviser la prochaine élection. Selon les émeutiers, le responsable de la daïra « aurait écarté bon nombre de personnes dont les noms figurent sur ledit fichier depuis des années ».
« Ceux-ci ont été remplacés par des dizaines de filles dont la majorité ne réside pas au niveau de la commune », déclarent ces jeunes. Il faut signaler enfin que tous les délégués du mouvement citoyen et ceux qui se sont directement impliqués dans la protesta ces dernières années ne se sont pas mêlés aux évènement d'hier. D'ailleurs le siège de l'APC, dont les bureaux de l'état civil épargnés par les évènements du Printemps noir, a été réduit en cendres hier. Pour rappel, le climat de tension qui s'est installé depuis le début de la semaine au niveau de la wilaya de Bouira s'est déjà dégénéré samedi dernier en émeutes dans la ville d'Aïn El Aloui où un centre culturel et un véhicule de l'APC ont été incendiés. Ces émeutes avaient tourné à l'affrontement avec les brigades de la police. Le même jour les citoyens des localités de Djebahia, Guerrouma et Ath Rached avaient procédé à la fermeture des routes principales de leurs villes en protestation contre la dégradation persistante de leurs conditions de vie.
Mohamed Sadoun

 

 

http://80.88.0.237/edit.php?id=21473

LIBERTE Edition du 9/3/2004

La contestation populaire se propage à Bouira

Le siège de l’APC de Haïzer saccagé
Par A. Debbache Lu (47 fois)

La contestation populaire se propage de plus en plus au niveau de la wilaya de Bouira. Après Ath Mansour, Aïn El-Aloui, la commune de Haïzer a été, hier, le théâtre du mécontentement populaire. C’est aux environs de 11h que les jeunes ont pris pour cible le siège de la commune en saccageant les locaux et en mettant le feu aux bureaux.
Les micro-ordinateurs ont été volés, un véhicule de marque Toyota nouvellement acquis a été réduit en cendres, le parc communal a été dévalisé après avoir mis le feu à deux camions appartenant à la commune. Tout le matériel a été pillé.  Un véhicule d’un particulier qui se trouvait au niveau de la fourrière communale a été lui aussi désossé. Le siège de la daïra, aussi, n’a pas été épargné. La Clio du chef de daïra a été incendiée, les bureaux saccagés, les vitres cassés et les micros également volés par les manifestants. Les fonctionnaires de l’APC, rencontrés devant le siège, face à la carcasse de la Toyota , n’arrivent pas à réaliser ce qui s’est passé : “On était au travail lorsqu’un groupe de jeunes a fait irruption dans les locaux et commence à saccager et à mettre le feu partout. Certains essayaient de sauver des dossiers importants. Face à la foule déchaînée, on avait quitté les lieux”. Au niveau de la place publique, les citoyens étaient outrés par ce qui venait de se passer.
Nous avons essayé de connaître le mobile ou les revendications, mais en vain. “Ils ont saccagé pour le plaisir de saccager”, soutiendra un citoyen. “Ils ont été manipulés par des personnes étrangères à Haïzer”, nous dira un citoyen. Un délégué des archs intervient pour se démarquer au nom des archs du pillage. “Lors des manifestations du mouvement, l’APC n’a jamais été ciblée. C’est un acte programmé par des politiciens”. Au siège de la daïra, nous avons rencontré le chef de daïra qui n’a pas compris le mobile : “S’il y avait mécontentement je l’aurais su, car non seulement mon bureau est ouvert mais je rencontre les citoyens dans la rue et je discute avec eux”. Le P/APC de son côté soutient “que nul n’est venu revendiquer quelque chose. Je reçois les citoyens et nous travaillons dans la transparence. Ce matin, j’étais sur chantier.”
La question reste posée : quel est le but de la contestation, à moins que les jeunes aient peur de représailles ? D’ailleurs, des éléments d’un groupe d’intervention de la gendarmerie étaient sur les lieux. Leur présence était beaucoup plus dissuasive.

A.D.