02-03-2004

Au premier jour de la visite du Président
Emeutes à El Oued

De notre envoyée spéciale à El Oued, Yasmine Ferroukhi
Des troubles ont éclaté et duré tout au long de la journée d'hier dans la wilaya d'El Oued, au lieu-dit El Hobba, dans la commune de Reguiba, distante de 30 km du chef-lieu de wilaya. Au moment où le chef de l'Etat s'affairait à inaugurer plusieurs projets de développement près du centre-ville, plusieurs dizaines de jeunes venant de six quartiers, les plus démunis, ont voulu attirer l'attention du Président sur leurs conditions de vie, mais aussi faire pression sur les responsables locaux, à l'exemple des Ouarglis lors de la dernière visite du Président. C'est à partir de 10 h que des jeunes se sont regroupés et ont fermé la RN48 reliant El Oued à Biskra à la circulation par des troncs de palmiers, des pierres et autres panneaux métalliques. Plusieurs portraits du Président ont été arrachés et brûlés en même temps que des banderoles de bienvenue. Aussi un véhicule a-t-il été incendié et plusieurs autres ont vu briser leurs vitres. Le siège de l'APC a été également la cible d'incessants jets de pierres. Les forces de la gendarmerie ont dû intervenir en force durant plusieurs heures pour disperser les émeutiers. Dure entreprise qui n'a pris fin que vers 16 h. Un calme précaire y régnait, hier, en fin de journée, d'autant plus que le programme de la visite présidentielle prévoit un très rapide passage du Président par cette zone située à la périphérie de la ville. Des habitants nous ont rapporté, hier, que cette même route nationale avait déjà été fermée à la circulation la semaine dernière en érigeant des tentes sur le chemin que traversera aujourd'hui le cortège présidentiel en fin de journée. Ce qui avait contraint alors le wali d'El Oued, Omar Hattab, à se déplacer en vue de parer à tout débordement de la situation lors de la visite présidentielle, ajoutent nos interlocuteurs. Ce dernier s'est empressé à promettre la résolution de tous les problèmes des habitants de ces quartiers et qui ont notamment trait aux conditions de vie, à savoir l'alimentation en eau potable et en énergie électrique, de même que la réouverture de l'unique centre de santé. Une enveloppe de 8 milliards de centimes a été alors consacrée pour une prise en charge rapide de ces problèmes. Ce qui n'était donc, avant-hier, la veille de l'arrivée du Président à El Oued, que des rumeurs a fini par éclater le jour même de la visite présidentielle. Comme cela s'était passé à Ouargla. Les autorités politiques craignent aussi la réédition du même scénario dans le reste des wilayas où le Président doit se rendre, à savoir respectivement Biskra, Sétif et Annaba.
Y. F.