http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2004/02/23/article.php?sid=6426&cid=2
Lundi 23 Février
2004
A LA VEILLE DE LA
VISITE DE BOUTEFLIKA DANS CETTE VILLE
Emeutes sanglantes
à Ouargla
De
notre envoyé spécial à Ouargla, Sofiane Aït-Iflis
La campagne électorale précoce du candidat- président ne sera, donc,
finalement pas que karkabou et bains de foule minutieusement préparés et mis
au point par une administration plus que jamais instrumentalisée. Pendant que
Bouteflika se préparait, hier, à commettre un show voulu grandiose dans la
capitale, Ouargla, où il mènera campagne aujourd’hui, criait avec fracas sa
colère longtemps contenue.
Une émeute violente a, en effet, secoué la ville, des heures durant. Les
escadrons anti-émeute, équipés à la hâte et déployés par nuées denses,
ont eu peine à venir à bout des émeutiers, pour la plupart des jeunes
chômeurs qui, rongés par le désespoir et la malvie, ont décidé de se faire
entendre par une insurrection violente. Les prémices de ce soulèvement
juvénile étaient manifestes jeudi dernier déjà, lorsque cette frange de la
population a, dans le calme, sillonné la principale artère de la ville pour,
une énième fois, transmettre une palette de doléances aux autorités de
wilaya. Des doléances au chapitre desquelles se trouve inscrite
essentiellement, prioritairement, la quête de l’emploi. Une quête maintes
fois exprimée mais qui est restée à ce jour lettre morte. En témoigne, ce
disant, l’affirmation de cette grappe de jeunes non loin du siège de la
wilaya où sentaient encore étouffants les gaz lacrymogènes : “On nous a
toujours opposé le mépris. Comment voulez-vous qu’on ne se soulève pas,
nous qui, nés et résidant à Ouargla, sommes sévèrement soumis au
laissez-passer pour nous rendre à Hassi-Messaoud, à moins de 80 kilomètres du
chef-lieu de la wilaya. Non seulement on ne nous offre point d’emploi mais
aussi on nous interdit d’aller en chercher dans les périmètres sécurisés
de Hassi-Messaoud.” Un jeune, la vingtaine, haletant, les yeux imbibés de
larmes de colère mais aussi du fait des gaz lacrymogènes, a insisté à nous
faire la confidence de sa mésaventure : “Il n’y a pas longtemps, j’ai
été destinataire d’une convocation pour un entretien d’embauche au sein d’une
société établie à Hassi-Messaoud. Je me suis fait délivrer le fameux
laissez-passer. Un effort inutile puisque, même muni de ce document, on m’a
refoulé au niveau d’un barrage de contrôle. Mesurez la nature de l’injustice
qu’on n’a pas fini de subir.” A l’instar d’autres Ouarglis de son âge
et de ses aînés, ce jeune a pris part à l’émeute, la seule façon, dit-il,
d’espérer se faire entendre. Cependant, si l’emploi reste pour les Ouarglis
un rêve inaccessible, le logement l’est presque tout autant. “La wilaya
construit mais ce n’est pas pour nous. C’est toujours pour les autres”,
soutenait cet autre Ouargli qui ne prenait pas part à l’émeute mais qui,
néanmoins, la cautionnait. Les “autres”, pour lui, ce sont ces gens venus d’ailleurs
travailler dans le Sud, dans les exploitations pétrolières. N’y a-t-il donc
pas moyen de résorber, ne serait-ce que partiellement, ce chômage endémique ?
Un élu FLN, membre de l’APW, estime la chose aisément faisable. “Pour l’année
2002, pas moins de 26 000 postes d’emploi ont été créés à Hassi-Messaoud.
Nous avons, ici, quelque 6 000 demandeurs d’emploi. Si une politique
réfléchie avait été mise en place, on aurait pu faire place à nos chômeurs
parmi les 26 000 recrutés à Hassi- Messaoud”, a-t-il soutenu. Cette
non-prise en charge des revendications citoyennes a produit l’émeute. Une
émeute choisie par les Ouarglis pour accueillir le candidat-président.
Un décor apocalyptique
On le sut dès notre descente d’avion, aux environs de 11 heures. Mais on
était loin d’imaginer l’ampleur de cette révolte ouarglie. D’aucuns
pensaient, à tort finalement, qu’il ne pouvait s’agir que d’une maigre et
circonscrite agitation. La majorité d’entre les journalistes qui croyaient
peu turbulente cette tempête du Sud seront édifiés dès l’approche du
siège de la wilaya, premier endroit où a essaimé l’émeute : l’affrontement
entre émeutiers et CNS faisait rage. Le convoi de journalistes dut emprunter
des sentiers détournés pour rejoindre l’hôtel Tassili. Ce n’est pas dans
cet hôtel que les journalistes devaient finalement descendre. Les préposés à
la communication au niveau de la présidence ont ainsi agi pour cacher l’émeute.
Peine perdue. Les journalistes s’y sont rendus à pied, pour couvrir. Devant
la wilaya, des CNS, armés de boucliers et de matraques, guettaient, encore
excités, d’éventuels nouveaux assauts des émeutiers. Ils venaient de
disperser les manifestants qui, regroupés non loin de là, affrontaient un
autre escadron de CNS sur la grande avenue Palestine. L’émeute, là, est plus
violente. Tout au long de l’avenue, sur les deux voies bitumées, des débris
de verre, des lampadaires cassés, des poteaux électriques arrachés des bancs
publics renversés, des portraits de Bouteflika arrachés et piétinés, des
troncs de palmier en feu, le tout dans une dense et étouffante fumée de gaz
lacrymogènes. A l’extrémité de l’avenue, où étaient poussés les
émeutiers, les affrontements se poursuivaient. Il était 12h30. Les CNS ne
tardèrent pas à éteindre ce foyer de l’insurrection. Mais à peine la
dernière charge concluante des CNS consommée que sur une rue perpendiculaire s’allume
un autre foyer. Là, rue Benithour, les émeutiers ont pris d’assaut l’agence
Khalifa Airways et la Banque Khalifa, dont les bureaux sont mitoyens. Ils les
brûleront. Dans leur furie, ils saccageront aussi un hôtel et une crèche
appartenant à la Sonatrach. Dispersés dans un premier temps, les émeutiers
reviendront à la charge pour prendre d’assaut l’hôtel Al Ansar où,
entre-temps, avaient débarqué les journalistes. Des pierres pleuvront
abondamment sur les façades vitrées de l’établissement, les dégâts sont
considérables. Ils l’auraient été davantage n’était l’intervention des
CNS. Jusqu’en début de soirée, la tension régnait toujours à Ouargla. Les
émeutiers ne semblaient pas avoir vidé toute leur ire. Aujourd’hui, ils
peuvent reproduire leur insurrection. Cela est sérieusement craint. La police,
suite à ces émeutes, a procédé à plusieurs arrestations. On parle de plus d’une
dizaine d’émeutiers interpellés. On fait état également de plusieurs
blessés. Les services de la wilaya qui, la veille, ont dû se démener pour
retaper un décor soigneusement confectionné, attrayant pour Bouteflika,
dégarni par un vent violent, devaient encore hier refaire sinon redoubler d’effort
pour exhiber au candidat Bouteflika une ville “comme il se doit”.
S. A. I.
http://www.lanouvellerepublique.com/actualite/lire.php?ida=7826&idc=4&PHPSESSID=7d45a0e928b876458d42197c21d477a5
lundi 23 Février
2004
Bouteflika
aujourd’hui à Ouargla
Une visite sur fond d’émeute
Des
manifestations violentes ont éclaté, hier, dans la wilaya de Ouargla, à la
veille de la visite du chef de l’Etat dans cette région. La ville s’est
transformée, durant toute la journée d’hier, en un champ de bataille où se
confrontent jeunes émeutiers et éléments des services de sécurité
dépêchés de la ville de Ghardaïa pour remettre de l’ordre dans la ville.
On déplore déjà, dans premier bilan, 8 blessés parmi les civiles et 3
autres parmi les services de sécurité. Des pneus brûlés, des poteaux
électriques arrachés, des bancs publics carrément décoffré, l’odeur des
bombes lacrymogènes qui coupe le souffle ; tel est le spectacle qu’offrait
hier la ville de Ouargla, dont les principales artères ont été
embellies la veille en prévision de la visite de M. Bouteflika. Les jeunes, mal
informés, croyaient que la visite du Président était prévue pour la journée
d’hier. Repoussés par les responsables de la wilaya, ils ont déversé leur
colère sur la ville. Ils sont déchaînés et font feu de tout bois, car les
raisons de ce soulèvement citoyen sont innombrables. Leur principale problème
est le chômage. «On embauche des étrangers, et à nous, on demande des
laissés-passer pour entrer à Hassi-Messaoud», dira un jeune émeutier. La
population vit cette situation comme un mépris des pouvoirs publics qu’ils
traitent de «vampire». Les banderoles et les photos du Président accrochées
sur les murs et les poteaux ont été arrachées, déchirées puis brûlées.
Les affrontements ont commencé quand une délégation de citoyens, se rendant
au siège de la wilaya pour s’enquérir de la réponse donnée par les
autorités à une plate-forme de revendications déposée jeudi dernier, n’a
trouvé aucun interlocuteur capable de donner une réponse claire et contenir
leur colère. Ces derniers ont décidé de se faire entendre autrement. L’absence
des responsables au niveau de la wilaya, dont le premier responsable est
décédé la semaine dernière par un arrêt cardiaque, a envenimé les choses.
Ceux qui assurent l’intérim sont préoccupés par les préparatifs de la
visite présidentielle, banalisant, de ce fait, les revendications
de ces jeunes qui n’ont pas tardé à se faire entendre. Le siège de la
wilaya a été complètement saccagé en dépit de l’impressionnant dispositif
sécuritaire mis en place pour la protection de la première escale du
Président. Il était 11h30 quand la délégation des journalistes et les
éléments de DSPP sont arrivés à l’aéroport. L’escorte chargée de la
protection de la délégation a reçu l’ordre de ne pas bouger de l’aéroport
jusqu’à nouvel ordre. Les choses n’ayant pas l’air de se calmer, la
délégation a été détournée de sa destination initiale. Au lieu de
rejoindre l’hôtel El Ansar où la délégation devait séjourner, les
journalistes se retrouvent dans un autre hôtel, le Tassili. L’explication
fournie par les responsables de la présidence était qu’«on ne peut
pas traverser la ville, il y a des émeutes, les jeunes sont en train de tout
brûler». Les multiples tentatives des officiels de tenir les journalistes loin
des lieu de l’émeute ont été vaines. L’ambiance était inhabituelle.
Contrairement aux villes du Sud, connues pour leur calme et leurs rues
désertées en cette période, les artères de la ville de Ouargla grouillaient
de jeunes. Le siège de la wilaya saccagé nous donne déjà un avant-goût de
la gravité de la situation. Les débris de verre, les troncs d’arbre et les
pneus brûlés témoignent de la violence des affrontements qui ont eu lieu
entre les forces de sécurité et les jeunes émeutiers. Plus loin, et
précisément sur l’avenue Palestine, un spectacle désolant s’est offert à
nos yeux. Des milliers de jeunes manifestants, au milieu d’un brouillard des
bombes lacrymogènes, s’attaquent aux forces de sécurité par des jets de
pierres. Des interpellations d’une dizaine de jeunes ont eu lieu. Les casques
bleus matraquaient toute personne trouvée sur leur chemin. Les instructions
sont très claires : il faut rétablir l’ordre par tous les moyens. L’on
signale déjà de nombreuses interpellations. L’origine de cette pagaille
revient aux maux sociaux dont souffrent les citoyens de cette wilaya, pourtant
la plus riche du pays. Les jeunes émeutiers n’ont pas cessé de le dire «la
vache est au Sud, mais ce sont les gens du Nord qui boivent son lait».
Allusion faite bien évidemment au chômage qui range les jeunes de la région
et aux étrangers qui viennent occuper des postes importants au niveau de
Les
émeutiers s’attaquent aux journalistes
L’hôtel abritant la délégation de journalistes dépêchée à Ouargla
pour couvrir la visite du Président n’a pas échappé à la colère des
émeutiers. Cette infrastructure d’accueil, située au centre-ville, a vu les
vitres de ses fenêtres volées en éclats par des jets de pierres, et ses
portes du première étage défoncées par les manifestants. Une panique
générale s’est emparée du personnel et les journalistes se trouvant sur
place. Un confrère de l’ENTV a même été blessé par une pierre lorsqu’il
essayait de récupérer ses bagages du véhicule qui l’avait transporté. L’intervention
tardive des services de sécurité a éloigné les manifestants de l’hôtel
mais ne les a pas empêchés de déverser leur colère sur d’autres
institutions symbolisant l’Etat.
De notre envoyée spéciale à Ouargla : Meriem Oussaïd
22-02-2004
Meriem Oussaïd
http://www.elkechfa.com/modules.php?name=News&file=article&sid=336
ÉMEUTES À
Posté le 23 February 2004 à 01:25:27 MET par elkechfa
C’est l’image exceptionnelle d’une ville en pleine
insurrection qu’offrait Ouargla, hier. Une wilaya sans wali depuis dix jours
et visiblement sans autorités compétentes pour contenir une jeunesse qui ne
décolère pas. Au lendemain d’une tempête de sable qui a dévasté la ville,
une tempête d’un autre genre a pris le relais avec de violentes émeutes qui
ont secoué le chef-lieu de la wilaya...
Débutée à 10 h du matin, la manifestation des chômeurs,
lancée pacifiquement, a dégénéré en émeute vers les coups de 11 h. L’irruption
soudaine d’une dizaine de jeunes casseurs parmi le groupe de manifestants a
été déclenchée suite à l’ordre donné aux policiers d’évacuer le parc
de la wilaya des manifestants et des véhicules devant participer au cortège
présidentiel. C’est à ce moment précis que les casseurs ont saccagé et
incendié l’entrée de la wilaya sous les yeux des forces de l’ordre qui n’arrivaient
plus à les maîtriser. Les policiers qui encadraient la manifestation ne s’attendaient
visiblement pas à la tournure prise par les événements et ont évité toute
confrontation avec les émeutiers pour éviter l’embrasement. Les
revendications des manifestants concernent des points régulièrement soumis aux
autorités locales. La dernière marche ayant eu lieu trois jours plus tôt sans
incident et sans réponse des autorités. L’emploi dans le secteur pétrolier
est la principale exigence des chômeurs qui ne conçoivent pas que l’embauche,
même celle du personnel d’exécution, se fasse systématiquement hors main-d’œuvre
locale. Des jeunes exaspérés témoignaient hier sur les ondes de la radio
locale d’une détresse infinie qui exprimait pêle-mêle la frustration de
vivre dans une wilaya prospère sans pouvoir en profiter, de voir la façade de
la ville embellie pour le président et de laisser les quartiers pauvres croupir
sous les immondices. Après avoir été détournée de la wilaya, la foule en
colère a investi les artères principales de la ville. Des bâtiments
administratifs ont été saccagés, incendiés et livrés au pillage. Au
carrefour Ché Guevara,
Source ELWATAN
http://www.algeria-interface.com/new/rubriques/french/depecheafp.php?doc=040223103614.z5oiuw8a.xml
Emeutes
dans le sud algérien (journaux)
ALGER, 23 fév (AFP) - Des émeutes ont éclaté dimanche à Ouargla (800 km au sud d'Alger), où des dizaines de jeunes ont attaqué des bâtiments bublics pour protester contre le chômage, nrapportent lundi des journaux.
Les manifestants entendaient ainsi protester contre le recrutement de personnes originaires du nord du pays au détriment des habitants du sud pour travailler dans le secteur pétrolier, selon ces sources.
Le recrutement dans les sociétés pétrolières, notamment étrangères, installées dans le Sahara algérien est particulièrement recherché en raison des salaires élevés et d'autres avantages.
Ces jeunes, qui ont érigé des barricades enflammées dans les rues de cette ville, ont notamment saccagé le siège de la wilaya(préfecture), un hôtel appartennant à Sonatrach, la société algérienne des hydrocarbures, et denombreux magasins, selon des journaux.
Des affrontements ont éclaté lorsque des brigades anti-émeutes sont intervenues pour disperser les manifestants à l'aide de grenades lacrymogènes.
Ce mouvement de contestation est intervenu alors que le président algérien Abdelaziz Bouteflika est attendu lundi et mardi pour une visite dans la région de Ouargla, à moins d'une centaine de kilomètres des champs pétroliers d'Hassi Messaoud.
Des émeutes éclatent régulièrement en Algérie pour tenter d'obtenir le règlement de problèmes de la vie quotidienne, notamment pour la distribution de l'eau, de l'électricité ou encore lors de la répartition de logements neufs, souvent jugée inique.
http://www.lematin-dz.net/quotidien/lire.php?ida=15762&idc=41
Mardi 24 février
2004
Les émeutes se sont
poursuivies hier
Le Président n'a pas eu
son bain de foule à Ouargla
Fête
gâchée pour le Président-candidat qui, au lendemain de l'annonce de sa
candidature pour un second mandat, s'en est allé espérer un « mémorable »
bain de foule pour sa visite de travail et d'inspection dans la wilaya
d'Ouargla. D'accueil triomphal il n'en aura point. Les jeunes de cette «
Algérie profonde » dont il aime à parler en toute circonstance ont signifié
au Président-candidat l'échec du Président sortant. Dahou Ould Kablia,
dépêché la veille dans l'urgence, en dépit de mille et une promesses, n'a
pas réussi à circonscrire la colère des jeunes manifestants. Le ministre
délégué auprès du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales
l'aura compris à ses dépens : on ne peut leurrer éternellement les citoyens.
Hier, et contrairement à ce qui a été rapporté par l'APS, les jeunes
d'Ouargla ont « interdit » au Président de la République de déambuler en
conquérant dans les artères principales de la ville. Il a dû, rapporte une
consur présente sur place, se contenter pour son traditionnel bain de foule
d'un tronçon de 300 m sur le boulevard Si El-Haouès que Abdelaziz Bouteflika
devait parcourir à pied. « La portière ouverte, le véhicule présidentiel le
précédait de très près, sa garde était prête à le faire évacuer à la
moindre manifestation de colère. » Des témoignages émanant de cette ville
indiquent qu'un important dispositif de sécurité ceinturait la « foule »
mobilisée dans un périmètre très réduit pour recevoir le Président. Au
même moment, plusieurs quartiers de la ville brûlaient. Le commissariat de
police, situé à quelques mètres de la résidence officielle de la wilaya, a
été saccagé et incendié. Le centre commercial connaîtra le même sort. Dans
le quartier de Mkhedma, à l'ouest de la ville, le bureau de main-d'uvre n'a pas
échappé à la colère d'une jeunesse longtemps ignorée. A Rouisset, quartier
où se trouve la zaouïa Kadiria, que le Président devait naturellement
visiter, on enregistrait de nombreux accrochages entre les émeutiers et les
brigades anti-émeutes. Rien ni personne n'a pu apaiser la révolte de ces
milliers de sans-emploi qui, par leur révolte, viennent d'administrer un
cinglant démenti au chef de l'Etat qui, la veille à l'hôtel El Aurassi,
affirmait que le taux de chômage était en baisse. Pour rappel, les émeutes
ont éclaté à Ouargla dimanche dernier, à la veille de la visite du
Président. Principales revendications de la population de cette région du pays
où prolifèrent les entreprises pétrolières : le travail.
Hier à Ouargla, les jeunes chômeurs ont signifié au Président l'échec de sa
politique et l'incapacité de ses ministres à « absorber » la colère de la
population et encore moins à proposer une solution. Pourtant, l'an dernier,
pour le même motif, la colère a grondé à Djanet, El Goléa, In Salah et
autre localité du Sud algérien jusque-là paisible. Interpellé sur le sujet
par des confrères, alors que des camions de la Sonatrach brûlaient, le
ministre de l'Energie qui accompagnait le Président a fait part de son
incapacité à résoudre le problème, « le secteur de l'hydrocarbure ne peut
à lui seul absorber le chômage au niveau de la wilaya ». Aucun secteur ne le
pourra tant que le problème du chômage n'est pas pris en charge dans une
stratégie globale.
Saïda Azzouz
Saïda
Azzouz
23-02-2004
http://www.lexpressiondz.com/print.php3?id=22313&&funky=print
FLAMBEE
DE VIOLENCE A OUARGLA
Bouteflika face aux
émeutiers
Achira MAMMERI - 24-02-2004
Hier,
les principales artères de la ville ont été quadrillées par un important
dispositif de sécurité.
Les
efforts de Dahou Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités
locales, dépêché en catastrophe à Ouargla pour désamorcer la colère
populaire n’ont pas abouti. Les trois heures de négociations qu’il a eues
samedi avec les représentants des manifestants, n’ont pas eu l’effet
escompté. Les Ouarglis ne décolèrent pas. Pire encore, ils ont décidé de
radicaliser leur mouvement de protestation à l’occasion de la visite du
premier magistrat du pays dans leur wilaya.
Hier, les principales artères de la ville ont été quadrillées par un
important dispositif de sécurité. «C’est un décor de guerre», qui
rappelle étrangement le 5 octobre. Les journalistes sont appelés à rester
regroupés. Aucun déplacement aussi court soit-il ne se fait sans l’escorte
de la gendarmerie et de la police. L’hôtel Ennasr, qui a été en partie
saccagé par les manifestants, la veille, a été encerclé. C’est le calme
précaire qui précède l’éclatement.
Dans les rues de Ouargla, on remarquera des groupes de jeunes dispersés. A
priori, ces derniers donnent l’impression d’attendre un signal, un feu vert
pour activer la machine de protestation. Les rues se vident étrangement, la
circulation des personnes et des voitures se fait très rare. Il est encore 10h.
10h 30. Une foule importante se regroupe au niveau de la rue Si El Houas. S’agit-il
de manifestants? La situation risque-t-elle de dégénérer ? Après
vérification, nous avons appris que cette marée humaine, composée
spécialement d’enfants et de vieux, est venue applaudir le président de
Tout est prêt pour réussir le bain de foule du président-candidat. Groupe
folklorique, drapeaux multicolores, le baroud, les caméras de l’Entv. L’on
remarquera aussi cette présence impressionnante de policiers et de brigade
anti-émeutes. Sur les banderoles on lira: «Ouargla tient à la paix et à
la réconciliation nationale», «Le FLN soutient Bouteflika»,
autant de slogans officiels ne disant pas grand chose aux jeunes de la ville
qui, eux, ne réclament qu’un poste d’emploi à
1
Au niveau de l’organisation, rien n’est laissé au hasard. Tout le monde est
sur les nerfs. Personne n’a droit à l’erreur. La voiture du président,
contrairement aux habitudes, est restée très proche de la délégation
officielle. Ici on craignait le pire. Bouteflika, comme pour défier les jeunes
en colère, n’a pas annulé son bain de foule. Mieux encore, il n’a pas
hésité à s’approcher de la foule massée sur le trottoir. Bouteflika serre
quelques mains. C’est l’image que montrera la télévision nationale. Les
responsables de la communication au niveau de la présidence exhortent les
cameramen à zoomer sur les scènes de fête. En marge de ces scènes de liesse,
les Ouarglis interrogés persistent et signent: «Il y a de la ségrégation
dans le recrutement au sein des sociétés pétrolières.» La visite de
Bouteflika semble être leur ultime chance pour convaincre les autorités du
pays de résoudre ce problème. «Les archs ont brûlé et saccagé en
Kabylie, et ont fini par avoir gain de cause. Nous faisons la même chose à
Ouargla», nous dira un jeune.
Un quart d’heure, c’est le temps qu’a duré le bain de foule pour
Bouteflika. A 11h, tout bascule dans «l’oasis du Sud». Le calme
précaire cède la place à la colère et aux manifestations.
Paradoxalement, le soulèvement s’amorce précisément dans le quartier qui a
bien accueilli le président de
De par ces gestes, les jeunes ont voulu exprimer leur colère contre les
services de sécurité qui ont réagi d’une manière brutale à leur encontre.
Les manifestants ont exigé la libération de leurs collègues et pourtant,
selon des informations recueillies au niveau de la wilaya, les 40 jeunes
arrêtés samedi ont été tous libérés dans la soirée. «Ce sont des
menteurs», s’écrie un jeune, «il n’ont libéré que les mineurs».
Partout ailleurs, au centre-ville, le même décor nous accueille, la même
odeur de pneus brûlés et de bombes lacrymogènes. Une tentative de marche a
été avortée à la cité des 304 Logements, non loin du chef-lieu de wilaya.
Les brigades anti-émeutes ont vite fait d’encercler les lieux. Les
affrontements ont éclaté entre les CNS et les émeutiers qui n’ont pas
hésité à utiliser leurs matraques contre la foule. «Ils nous traitent
comme du bétail», atteste un contestataire.
Mais rien ne semble les décourager. Le souk El Hadjar, le tribunal de la ville,
ont été les autres cibles visée. Sans oublier les maisons closes. Un
scénario qui nous rappelle le brutal assaut contre le quartier El Haycho à
Hassi Messaoud en 2001. Trois camions-citernes de Sonatrach ont été attaqués.
Les protestations semblent atteindre un point de non-retour. Ces incidents se
sont produits au moment où Bouteflika continuait le plus normalement du monde
son périple dans la wilaya. Le président ne fera pas la moindre allusion au
mouvement de protestation. Approché par nos soins, Yazid Zerhouni s’est
abstenu de faire le moindre commentaire sur ce sujet. Saïd Bouteflika emboîte
le pas à Chakib Khelil en déclarant que «la colère des Ouarglis est
inexplicable», démentant «la ségrégation dans le recrutement»
premier objet de la colère des citoyens. 15h. Le président reprend sa visite.
Le programme est respecté à la lettre.
L’inauguration de 2000 places pédagogiques d’un poste Sonelgaz et la pose
de la première pierre de la route express Ouargla-Hassi Messaoud et une virée
dans la zaouïa Kadiria et celle de Sidi Belkhir ont en constitué les
principaux points.
Aujourd’hui, Bouteflika sera à Hassi Messaoud, une escale attendue par les
habitants de la ville qui espèrent des mesures concrètes au profit des
chômeurs. Ces derniers, apprend-on, ont donné un ultimatum d’une semaine aux
autorités et menacent de reconduire leur mouvement si l’on ne répond pas à
leurs doléances. Hier, Ouargla a évité le pire. Mais les citoyens ont peur de
l’avenir.
http://fr.allafrica.com/stories/200402250092.html
La
colère gagne la population touggourtie : des émeutes émaillent la visite
présidentielle
25
Février 2004
Publié
sur le web le 25 Février 2004
Amel
Bouakba
Après
Ouargla, la colère a fini par gagner la population touggourtie. Tout a
commencé après la pose de la première pierre du projet dit de la cité des
342 logements «Haï El Moustakbel», qui figurait hier au programme de la
visite présidentielle.
Un
groupe de citoyens résidant au bidonville Chetaïa, situé à quelques mètres
dudit projet de logements, ont voulu saisir Bouteflika pour lui faire part d'une
pétition dénonçant une attribution arbitraire de logements et les conditions
lamentables de leur vie.Malheureusement, les tentatives d'approcher le
Président resteront vaines, ce qui ne manquera pas de provoquer la colère de
ces citoyens qui s'attaquent à coups de pierres aux dernières voitures du
cortège présidentiel.Par ailleurs, nous apprenons sur place qu'aux environs de
18h00, un groupe de jeunes s'est attaqué à une salle omnisports située à la
sortie de la ville de Touggourt, y mettant le feu et causant quelques dégâts
matériels, une réaction de «révolte» qui témoigne des déplorables
conditions de vie de la population. Cette situation a créé un climat de
panique dans la ville.
Auparavant,
le candidat aux présidentielles, Abdelaziz Bouteflika, avait entamé sa visite
d'inspection et de travail dans la daïra de Touggourt, située à 160
kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Ouargla, avec au programme une série
d'inaugurations de projets socioéconomiques. Un important dispositif
sécuritaire était mis en place à Touggourt, appréhendant toute éventualité
d'émeutes après celles de Ouargla, constate-t-on sur place. C'est au
centre-ville et de façon particulièrement spontanée que la population
touggourtie réservera un accueil chaleureux à Abdelaziz Bouteflika qui
savourera ces moments de bain de foule, en dépit de la chaleur suffocante qui
sévit déjà sur cette région du Sud algérien. Nombreux étaient les citoyens
qui ont occupé les deux côtés du passage du cortège présidentiel. A ce
propos, rappelle-t-on, l'une des revendications de la population touggourtie est
d'accorder à leur daïra le statut de wilaya.
Ils
aspirent aussi à une réelle prise en charge de leur vécu et des
préoccupations liées à l'eau, au chômage et au logement notamment. Après la
lecture de la motion de soutien par les élus et le président de l'APC de
Touggourt, le chef de l'Etat a procédé à l'inauguration d'un bureau de poste,
situé au centre-ville de Touggourt, réalisé en 12 mois pour un montant de 23
millions de dinars, de 100 logements sociaux et autant de logements réalisés
dans le cadre de la formule location-vente, ainsi qu'une station d'épuration
d'eau. Le président Bouteflika procèdera, entre autres, à l'inauguration et
la baptisation d'un CEM dans la commune de Tibesbest au nom du défunt wali de
Ouargla, Mohamed Chaouche, décédé il y a quelques jours par arrêt cardiaque.
«La baraka» des zaouias était au rendez-vous. A quelque 13 kilomètres de
Touggourt, dans la daïra de Témacine, se situe la zaouia de la Tidjania, l'une
des plus importantes et des plus influentes après celle de Aïn Madi dans la
wilaya de Laghouat dont le chef suprême est Sidi Cherif Abdeldjabbar. C'est à
la Tidjania de Témacine, dirigée par cheikh Mohamed Laïd Tidjani que
Bouteflika marquera son autre halte.
Il
visitera le centre culturel islamique et l'école coranique de la Tidjania qui
accueillent garçons et filles, inaugurés déjà lors d'une première visite le
20 mars 2001. Cette zaouia qui, selon l'un de ses membres, compterait 500
millions d'adeptes dans le monde, a vu la visite, lors de la campagne
électorale de 1999, de bon nombre de personnalités politiques, notamment Aït
Ahmed, Hamrouche, Djaballah. Le Président aura droit lors de cette escale à
une motion de soutien de la part des chouyoukh de la Tidjania qui n'ont pas
manqué de faire l'éloge de sa politique de concorde civile et de mettre en
exergue les questions relatives à la relance économique et à la
réhabilitation de l'image de l'Algérie sur la scène internationale. Notons,
enfin, que la daïra de Touggourt a bénéficié d'un tiers, soit 200 milliards
de centimes de l'enveloppe financière consacrée à la wilaya de Ouargla, dans
le cadre du budget complémentaire alloué à l'occasion de la visite
présidentielle. Autant dire que s'est vers la fin de la visite présidentielle
à Touggourt que tout a soudainement basculé, plongeant la ville dans un climat
de panique suite aux informations les plus folles qui ont vite fait le tour du
chef-lieu de la daïra.
http://80.88.0.237/edit.php?id=20963
LIBERTE Edition du 25/2/2004
Violentes manifestations
à Touggourt
Notre envoyer spécial Arab Chih Lu (1231 fois)
Les émeutiers s’en sont pris à une salle
omnisports qu’ils ont incendiée.
Alors que le président de la République Abdelaziz Bouteflika s’apprêtait
à clôturer sa visite d’une demi-journée à Touggourt, la population de
cette ville du sud du pays, qui lui avait pourtant réservé un accueil des plus
enthousiastes, a laissé exploser sa colère.
Aux environs de 18h, des jeunes gens, témoignera un citoyen, se sont attaqués
à une salle de sports située à la sortie de la ville de Touggourt avant de l’incendier.
Une fois cet incident commis, des éléments de la Protection civile et de la
police se sont déplacés sur les lieux. Selon une source policière, deux
personnes sont, actuellement, arrêtées.
Comment en est-on arrivé là ? Selon des témoignages, tout a commencé quand
des nomades vivant aux alentours de la ville de Touggourt, du côté de la zone
industrielle, ont voulu remettre une pétition au président Bouteflika qui
était venu poser la première pierre du projet de la cité des 342 logements
Haï El-Moustaqbel, pétition par laquelle ils voulaient protester contre leurs
conditions de vie et l’arbitraire qui émaille l’opération de distribution
des logements. Ils ont été empêchés par le protocole de la présidence de le
faire. Aussi, dès que le cortège présidentiel s’apprêta à quitter
Chettaïa, ces citoyens, fous de colère, se sont attaqués, à coup de pierres,
aux dernières voitures du cortège.
Ce n’est qu’après qu’ils s’en sont pris à la salle de sports dont il
est question plus haut. Il est vrai que la population de Touggourt vit dans des
conditions déplorables. On se plaint du chômage, de l’eau, de l’électricité,
de l’absence de logements, etc.
A. C.
Les touggourtis veulent leur wilaya
Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a effectué, hier, une
visite d’une demi-journée dans la daïra de Touggourt, distante de 160 km du
chef-lieu de wilaya (Ouargla).
Hospitalière, la population de cette ville du Sud a réservé un accueil des
plus chaleureux à son hôte du jour. Comme pour ne pas décevoir le
Président-candidat qui affectionne tout particulièrement les bains de foule,
les habitants de Touggourt sont massivement descendus dans la rue pour l’acclamer.
Des jeunes et moins jeunes, des hommes et des femmes et même des vieilles, des
troupes folkloriques et des équipes de scouts ont été de la kermesse. Des
portraits du Président et des drapeaux agrémentent le décor d’une foule
compacte entassée de part et d’autre du tronçon de route réservé à cet
accueil. Des mots d’ordre tels que “tahya Bouteflika”, “one, two, three
vivat l’Algérie”, “wilaya, wilaya” sont entonnés à tue-tête.
Ainsi le travail abattu par les partisans de Bouteflika semble avoir porté ses
fruits. Ils se sont constitués en comités des amis du Président sous la
férule de deux hommes : Larbi Adamo, directeur de CEM et M. Makhlouf, un
investisseur originaire de la Kabylie. Ceci dit, tout le monde ici à Touggourt,
reconnaît que la daïra accuse un grand retard sur le plan du développement.
“Touggourt n’a pas encore connu l’indépendance”, ironise un de ses
habitants.
Les problèmes ne manquent pas. Le chômage touche des pans entiers de la
population. Il y a aussi un manque d’eau potable au point où le liquide
précieux, acheminé des wilayas environnantes (Ghardaïa, Biskra), est cédé
à 1,5 DA le litre. Pour nombre d’habitants de Touggourt, tous ces problèmes
ne peuvent trouver solution que si la daïra est élevée au statut de wilaya.
Un statut que Bouteflika leur a promis à deux reprises : en 1999 et en 2001.
A. C.
http://www.lematin-dz.net/quotidien/lire.php?idc=41&ida=15834&taj=1&refresh=1
Mercredi 25 février 2004
Touggourt
: le cortège de Bouteflika attaqué
Emeutes à Touggourt. La visite non
programmée du Président-candidat a soulevé la colère de la population qui
s'est attaquée au cortège présidentiel hier pour protester contre le mépris
du pouvoir à son égard.
Au
lendemain de l'annonce de sa candidature à un second mandat pour la
présidentielle, les visites de Bouteflika ne sont pas celles qu'elles furent ou
celles que l'ENTV de Hamraoui veut bien montrer. La contestation contre le
Président-candidat s'amplifie. Hier, en fin de journée, le président en
visite à Touggourt a subi l'affront : la population excédée par le mépris du
pouvoir qui l'a ignorée jusque-là a eu son mot à dire par le refus
catégorique de la tournée d'un Président-candidat chassé de Ouargla. A
Touggourt, hier, la même colère grandit et prend des proportions jamais
enregistrées contre le pouvoir qu'incarne Bouteflika au moment même où il a
annoncé officiellement sa candidature. Dès que l'information de sa visite a
été annoncée alors qu'elle n'avait pas été programmée dans le périple des
treize wilayas, la population de Touggourt est sortie dans la rue pour crier sa
détresse et sa colère contre cette visite qu'elle considère comme une
insulte. Alors qu'il s'apprêtait à déposer la première pierre pour le projet
de la construction d'une cité dénommée Haï El Moustaqbal, des nomades de la
région ont voulu remettre au chef de l'Etat une lettre de doléances dans
laquelle ils expriment leur mal-vivre. Malheur leur en prit. Le cortège
présidentiel les en a empêchés. Suite à quoi le brasier a pris. Bouteflika a
eu du mal à quitter les lieux. Les dernières voitures de son cortège ont
été attaquées à coups de pierres. Selon des informations divergentes,
Bouteflika aurait quitté la ville en trombe vers 18 h, d'autres affirment, en
revanche, à l'heure où nous mettons sous presse qu'il est assiégé de partout
et qu'il n'a pas pu quitter le lieu de son refuge. Ce qui confirme l'information
selon laquelle treize unités des services de sécurité (URS), y compris celle
de Souk Ahras, ont été appelées en renfort pour permettre au Président de
quitter la ville et de sortir ainsi indemne de la vindicte populaire. Après
Ouargla où la contestation prend une ampleur jamais égalée dans la
contestation populaire contre la visite du Président après celle de Boumerdès
au lendemain du séisme du 21 mai, Touggourt prend le relais de la colère
contre une visite à laquelle la population ne s'attendait pas. Signe fort : la
contestation s'amplifie contre le Président-candidat pour qui, après la
colère de Ouargla où il s'est risqué de partir à ses dépens, le rejet de
Touggourt vient de signifier la bonne santé de cette contestation contre une
présidentielle qui n'a pas prise sur les réalités sociales. Le sud du pays
fait ainsi jonction avec une Kabylie décidée à faire barrage à la
présidentielle quel que soit le candidat qui s'aventurerait à y faire
campagne. A Ouargla, c'est le couvre-feu, même non déclaré. Des arrestations
systématiques ont eu lieu, les commerçants ont baissé rideau et les sièges
de la police, de la Sonelgaz et de la CAAR ont été attaqués. Touggourt n'est
pas en reste.
Rachid Mokhtari
Rachid
Mokhtari
24-02-2004
http://www.lexpressiondz.com/articles.php3?category=4&id=22341&datedeb=2004-02-25
Explosion
de colère à Touggourt
S.M. HAOUILI - 25-02-2004
Les
jeunes ont mis le feu à la Maison de la culture et à une salle de sport.
Malgré
les mesures prises par les services de sécurité pour faire de la visite du
président-candidat une fête, cette virée à Touggourt a allumé le feu au
sein de la population locale. Juste au passage du cortège présidentiel pour
une virée à la zaouïa Tidjania, des jets de pierres ont brisé les carreaux
de voitures officielles. Beaucoup de voitures ont filé à toute allure.
Le salut des occupants n’est dû qu’à la perspicacité des chauffeurs. Il a
fallu plus de deux heures pour arriver au point de la visite. Les journalistes
venus couvrir la visite présidentielle ont été «happés» par une
foule en folie scandant des slogans défavorables au président de la
République. Toutes les localités traversées bouillonnent. Pourtant, au
centre-ville de Touggourt, l’accueil a été chaleureux. Les jeunes étaient
là, à applaudir le chef de l’Etat, mais, on sentait déjà une certaine
atmosphère chargée d’électricité.
L’on doute que cette visite du président dans la wilaya de Ouargla a été l’occasion
pour les populations locales pour exprimer leur désespoir.
Les informations parvenant du chef-lieu de wilaya a réveillé «les
rancoeurs» cachées. La veille déjà, la sûreté de wilaya a «conseillé»
aux commerçants de fermer boutique.
Au-delà de cette menace qui ne dit pas son nom, ici, à Touggourt on s’attendait
à ce réveil brutal des masses. Si les jets de pierres peuvent être pris à la
légère par les officiels, le feu mis à la Maison de la culture après des «affrontements»
entre population et forces de l’ordre, au centre-ville, témoigne de toute la
colère enfouie au sein de la société. Les personnes rencontrées au cours de
cette chasse déclarent qu’elles étaient frustrées. «Nos richesses sont
exploitées par le Nord. Nous n’avons jamais bénéficié de quelque chose.»
Les promesses faites ne sont que «des mensonges électoralistes», dira
cet enseignant, cagoulé pour la circonstance.
La ville a pris un autre aspect. Tout est arraché. Des groupes de jeunes criant
des slogans contre Bouteflika sont là, pour exprimer des sentiments contraires
au discours redondant au président.
A l’heure où nous mettons sous presse, la ville de Touggourt est encore
ravagée par des émeutes qui sont parties pour durer toute la nuit.
http://www.lematin-dz.net/quotidien/lire.php?ida=15873&idc=41#
Emeutes
à l'Est
Nouri Nesrouche et Mehdi Bioud
25-02-2004
De notre bureau de Constantine
La thèse du complot ourdi que voit M. Zerhouni derrière
les violentes émeutes qui secouent Ouargla est-elle valable quand les foyers de
feu et de tension se multiplent sans épargner une région ? Les paysans de la
petite bourgade de Guettar El Aïch ne reçoivent pas, en tous les cas, la
presse écrite, mais regardent, en revanche, la télévision du Pouvoir qui
montre en boucle les images d'un Président qui distribue des liasses d'argent
à tout bout de champ et diffuse les rapports d'un bilan qui assure le
développement. C'est peut-être à cause de cela que la population de Guettar
El Aïch (
Kaous en colère
Les habitants de Kaous ont investi la rue dans l'après-midi de mardi passé pour exprimer leur ras-le-bol à une coupure d'électricité ayant duré 5 jours, privant d'énergie électrique les quelque 30 000 habitants de cette commune distante seulement de 8 km au sud de la ville de Jijel. L'activité ordinaire des commerçants et administrations publiques comme privées fut extrêmement perturbée, surtout ceux dont l'activité est extrêmement liée à l'électricité. Ceci sans oublier les répercussions sur l'alimentation en eau potable, quasi inexistante tout au long de cette période. L'axe reliant la commune Emir-Abdelkader à Jijel via Kaous fut coupé à la circulation par des centaines d'émeutiers en furie qui s'en prirent même aux véhicules de particuliers, dont les propriétaires se sont aventurés à dépasser les multiples barrages faits de pneus enflammés, de plaques de signalisation routière arrachées et d'objets hétéroclites divers.
Il est à signaler qu'aucun officiel ne s'est pas présenté sur les lieux, comme à l'accoutumée, pour étudier les doléances des manifestants. La circulation routière a repris son cours normal hier vers midi après que le courant électrique fut rétabli.
Nouri Nesrouche et Mehdi Bioud
http://www.lematin-dz.net/quotidien/lire.php?ida=15874&idc=41#
Khemis El Khechna
Affrontement
entre manifestants et forces antiémeutes
Naceri Zerrouki
25-02-2004
Le douar de Bendanoun, un bidonville situé à 3 km au nord-est de Khemis El Khechna dans la wilaya de Boumerdès, a été secoué, hier vers 11 h, par de violents affrontements opposant des manifestants aux forces antiémeutes de la gendarmerie. Les manifestants, venant un bidonville dit haouch Bernabé, avaient auparavant fermé le CW16 à l'aide de troncs d'arbre, poteaux électriques et pneus brûlés pour exiger des pouvoirs publics des lots de terrain d'un lotissement qui a été déjà distribué en 1989 et qui était toujours bloqué par les services agricoles étant donné que l'assiette appartenait à l'entreprise Gacem Chérif, une EAC. Ce qui a poussé les habitants, dont le nombre dépasse les 150 familles, à se révolter encore est la présence de certains noms sur la liste des bénéficiaires de personnes étrangères à la commune. Les autorités locales, à leur tête le chef de daïra et le président de l'APC, se sont déplacés sur les lieux pour dialoguer avec les manifestants, c'était peine perdu, la route est restée fermée durant toute la journée d'avant-hier et même la nuit. Il aura fallu attendre le lendemain à midi l'arrivée des brigades antiémeutes de la Gendarmerie nationale pour disperser la foule à coups de gaz lacrymogène et dégager la route des objets de fortune à l'aide des camions chasse-neige. L'affrontement était très violent entre les émeutiers et les forces de l'ordre, il a fallu un certain temps avant que la route soit dégagée. Aucun blessé n'est cependant à déplorer, néanmoins deux jeunes manifestants, accusés d'être les meneurs, ont été arrêtés.
Naceri
Zerrouki
http://www.lematin-dz.net/quotidien/lire.php?idc=41&ida=15888&taj=1&refresh=1#
Touggourt
ne décolère pas
S. A.
27-02-2004
De notre envoyée spéciale à Touggourt, Saïda Azzouz
Un calme précaire régnait hier en début de soirée sur la ville de Touggourt. La nuit de jeudi à vendredi et la journée d'hier ont été marquées par plusieurs incidents. Un certain nombre de foyers de tension recensés dans différents villages de cette localité distante d'Ouargla de près de 200 km étaient annonciateurs d'une nuit mouvementée. La journée d'hier l'a particulièrement été. Les émeutes qui ont éclaté à Touggourt hier en début d'après-midi ont isolé la ville durant plusieurs heures. La route nationale reliant Touggourt à Ouargla, à la sortie de la ville, au niveau de la station thermale, a été barrée par des manifestants en colère. « Les émeutiers se sont pris aux autobus et voitures qui ont essayé d'entrer dans la ville », raconte un chauffeur de taxi contraint de faire demi-tour. Il n'en faut pas plus pour le taxi qui nous emmenait vers cette destination pour rebrousser chemin. Dans la matinée, un de ses collègues qui rentrait de Biskra en passant par le village de Negarine a vu le pare-brise de son véhicule brisé. Un fait que toute la ville d'Ouargla a répercuté, décourageant ainsi bon nombre de transporteurs. Personne ne voulait prendre de risque. Il faut dire aussi que les informations qui parvenaient de cette localité en révolte n'étaient pas des plus rassurantes. Hier, le bar la Zriba a été saccagé puis brûlé. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la daïra de Negarine, distante de 10 km de Touggourt, a vécu l'enfer. Les jeunes manifestants ont mis à sac le siège de l'Assemblée populaire communale avant d'y mettre le feu. Nous nous y sommes rendus ce matin, il ne reste plus rien de la mairie qui offre une image de désolation, comme d'ailleurs tout le reste du village », nous a indiqué un député originaire de cette ville. Haloua Abdeslam nous a confié qu'« il a fallu recourir aux élus locaux et aux sages du village pour calmer une foule de jeunes surchauffés qui avaient décidé d'en découdre avec les forces antiémeutes venues en renfort des wilayas limitrophes. On parle de plusieurs blessés de part et d'autres. Ce n'est que vers une heure du matin que nous avons pu les calmer. Nous leur avons fait la promesse de transmettre leurs doléances et de leur organiser une réunion avec les autorités d'ici lundi », nous précise le député qui dit adhérer pleinement aux revendications des jeunes bien qu'il conteste les moyens violents qu'ils ont choisis pour les exprimer. Pour rappel, les protestations ont commué mardi dernier dans le quartier d'El Moustaqbel, après que le cortège du Président-candidat en visite de travail dans cette ville est passé sans s'arrêter devant une foule nombreuse venue l'attendre pour lui faire part des problèmes sociaux qu'elle rencontre. « Les habitants de cette localité avaient exprimé ce vu aux autorités locales qui préparaient cette visite. Des autorités qui auraient dû leur expliquer que l'agenda de la visite du Président n'était pas de leur ressort, au lieu de leur faire croire qu'ils allaient rencontrer le chef de l'Etat », souligne un élu local. Il n'est pas le seul à considérer que si le Président avait daigné leur accorder cinq minutes de son temps rien de cela ne serait arrivé. « C'est la manière, le mépris total des officiels, qui a attisé la colère de ces citoyens algériens qui ont le droit d'attendre un minimum de respect de leur Président », estime le député Haloua Abdeslam.
Par ailleurs, on a appris que la route reliant Touggourt à Biskra était coupée à la circulation pendant une bonne partie de la journée d'hier. Fait que les manifestants menacent de rééditer ce samedi.
S. A.
http://www.lematin-dz.net/quotidien/lire.php?ida=15944&idc=41#
Dernière minute
Des
jeunes cassent tout à Touggourt
S. A.
28-02-2004
Hier, la localité de Lahdjira, 120 km d'Ouargla en allant vers Touggourt, les citoyens ont brûlé l'APC, les impôts et un collège. Les émeutes continuent au moment où nous mettions sous presse. Ils ont protesté contre le fait qu'ils n'ont pas été associés à la rencontre avec les deux ministres dépêchés par Ouyahia.
S. A.
http://www.lematin-dz.net/quotidien/lire.php?idc=41&ida=16369&taj=1&refresh=1
08-03-2004
Emeutes
Vive tension à Ouargla
Des commerces fermés, des routes barrées, des camions brûlés, des
automobilistes malmenés, des manifestants qui se sont emparés de la rue,
autant d'informations qui nous sont parvenues de Ouargla qui vivait, hier, une
autre journée de manifestations.
Les marches et les sit-in qu'on y a enregistrés, quoique pacifiques, selon un
des représentants de jeunes que nous avons joint hier soir, traduisaient
néanmoins la tension qui plane ces derniers jours sur cette wilaya où
foisonnent les entreprises pétrolières. Une ville où le chômage y est
endémique et qui risque de vivre un mardi explosif, selon une source proche des
services de sécurité sur le qui-vive depuis vendredi dernier. On parle même
de renforts des Unités urbaines de sécurité (USR) dépêchés des wilayas
limitrophes et de la mobilisation du corps de gendarmerie.
D'ailleurs, dans la nuit de dimanche à lundi, les unités de gendarmes ont eu
de la peine à déloger les manifestants qui bloquaient la route nationale
reliant Ouargla à Hassi Messaoud. Ils ont eu, selon plusieurs témoignages,
recours à la force, aux bombes lacrymogènes et ont interpellé près d'une
trentaine de manifestants. Pour rappel, les manifestants dans l'après-midi de
dimanche avaient bloqué cette route nationale à 10 km d'Ouargla au niveau d'un
barrage de police permanent où sont contrôlés et délivrés les
laissez-passer pour Hassi Messaoud. Une obligation contre laquelle milite la
population de cette région du sud du pays qui fait de la suppression de ce
document délivré par les fonctionnaires de police une revendication
indiscutable.
Il est à noter que deux ministres du gouvernement Ouyahia avaient promis d'y
répondre et dans les meilleurs délais. Dix jours après le passage de Tayeb
Louh et de Djamel Ould Abbès, le laissez-passer pour entrer dans la ville de
Hassi Messaoud est toujours de rigueur.
Les émeutes ont éclaté dans la wilaya d'Ouargla le dimanche
22 février, jour où le Président avait annoncé sa candidature. Il devait le
lendemain effectuer une visite de travail et d'inspection à Ouargla où il a
été accueilli par des émeutes sans précédent dans la région. Ses portraits
ont été déchirés et brûlés sous ses yeux. Le Président-candidat a eu
toute les peines du monde à quitter Touggourt où la population s'en est pris
au cortège présidentiel.
Par ce geste, cette population que l'on croyait naïve et toujours sous «
tutelle » des sages et chouyoukh a sacrifié son hospitalité coutumière pour
revendiquer le droit au travail et le droit de profiter des richesses de son sol
natal. Légitime revendication consignée entre autres dans la plate-forme
d'Ouargla que « les concepteurs » promettent de faire aboutir quel qu'en soit
le prix.
Saïda Azzouz
Saïda Azzouz