http://www.elwatan.com/2004-12-13/2004-12-13-9763

El Watan

Edition du 13 décembre 2004 > Actualite

Reprise des émeutes à El Karma

Les émeutes du logement ont repris hier à El Karma, une localité située à une vingtaine de kilomètres au sud de la ville d’Oran.

Les brigades antiémeute ont intervenu une fois encore pour disperser les manifestants qui ont tenté de bloquer la route. Entamées mercredi, ces manifestations ont repris hier de manière spontanée pour, selon certains témoins, demander le départ du président de l’APC. En effet, non seulement une délégation de contestataires de la liste des 80 logements a été reçue par le wali d’Oran, mais, en plus, déclarait vendredi un résidant de cette localité concerné par le mouvement, il s’agissait de passer à une autre étape en bloquant l’accès à tous les élus sans exception. La mairie devait donc fonctionner pour ne pas sanctionner les habitants, mais sans les élus. Maintenant, déclare un autre témoin, les gens savent que les concernés par le logement ne peuvent pas en bénéficier d’un seul coup et la reprise de la protestation dénote seulement la volonté de la population d’en finir avec les passe-droits dont se seraient rendus coupables les élus. Quant à la rumeur colportée hier concernant le décès d’un manifestant, des citoyens de cette localité l’infirment de manière catégorique. « Un enfant de la région est décédé, mais il était déjà malade et hospitalisé », confie un citoyen à ce sujet pour tenter d’expliquer l’origine de la rumeur. Selon le même interlocuteur, un garçon de café a également eu un malaise lorsque les manifestants, pourchassés par les agents de l’ordre, ont envahi son commerce. Suite à ces événements, beaucoup d’autres communes d’Oran se sont abstenues d’afficher leurs listes.

Benachour Djamel

 

http://www.reuters.fr/locales/c_newsArticle.jsp?type=topNews&localeKey=fr_FR&storyID=7075574

Reuters du 13 décembre 2004

Emeutes contre la pénurie de logements à Oran, en Algérie

 

Mon December 13, 2004 3:41 PM CET

par Paul de Bendern

ALGER (Reuters) - De violentes émeutes ont eu lieu dimanche à Oran, deuxième ville d'Algérie, entre la police et des manifestants protestant contre la pénurie de logements.

Plus de 30 jeunes manifestants et six policiers ont été blessés, rapporte lundi la presse algérienne.

D'après Le Quotidien d'Oran, plus d'une centaine de jeunes, pour la plupart armés de bâtons, ont brûlé des pneus et jeté des cocktails Molotov et des pierres contre la police anti-émeute.

Une trentaine de personnes ont été arrêtées à la suite de ces violentes manifestations, provoquées par la pénurie de logements sociaux nouvellement construits par l'Etat, précise de son côté le journal L'Expression.

Les autorités n'ont pas fait de commentaires dans l'immédiat.

Les manifestations sont rares en Algérie car elles nécessitent l'accord du ministère de l'Intérieur en vertu de l'état d'urgence décrété en 1992, année où les autorités avaient annulé les élections législatives en passe d'être remportées par les islamistes.

La pénurie de logement et le chômage persistant poussent toutefois la jeunesse algérienne à descendre de plus en plus souvent dans la rue. Le taux de chômage atteint presque les 30% en Algérie.

Le président Abdelaziz Bouteflika, réélu en avril, s'est engagé à rendre disponibles un million de logements au cours de son nouveau mandat de cinq ans.

Il a aussi récemment dévoilé un plan quinquennal d'investissements estimé à 50 milliards de dollars. Ce projet vise à lutter contre le chômage, à renforcer la croissance économique et à améliorer les infrastructures du pays.

L'annulation des élections de 1992 avait plongé l'Algérie dans une décennie de violences, qui ont fait plus de 150.000 morts, pour la plupart civils, selon les estimations d'organisations de défense des droits de l'homme.

Bouteflika a évoqué fin octobre la possibilité de proposer une nouvelle amnistie aux rebelles islamistes prêts à déposer les armes.

 

http://www.lematin.ma/infos/infos.asp?id=19603

Le Matin le 13 décembre 2004

Algérie

13.12.2004  |  10h50

Affrontements près d'Oran lors de l'attribution de logements sociaux

Des affrontements ont opposé dimanche les force de l'ordre à des habitants d'El Kerma, dans la région d'Oran ( 450 km à l'ouest d'Alger) faisant une trentaine de blessés lors de l'attribution de logements sociaux, rapportent lundi des journaux d'Alger.

Ces habitants, mécontents de la façon dont la commission d'attribution avait établi la répartition de quelque 80 logements sociaux, ont fermé le siège de la mairie pour empêcher ses élus d'y accéder.
Ils ont également brûlé des pneus, barré des routes et attaqué à coups de pierres des automobilistes, ont précisé des journaux.
Les brigades antiémeute sont intervenues pour rétablir le calme faisant une trentaine de blessés, selon ces sources.
L'attribution de logements sociaux provoque régulièrement des émeutes en Algérie en raison de l'extrême difficulté qu'ont les Algériens pour se loger. Il n'est pas rare que plusieurs familles habitent dans un seul appartement.
L'Algérie connaît une très forte démographie qui a fait tripler sa population depuis l'indépendance, en 1962, la portant à près de 33 millions d'habitants aujourd'hui.

 

http://www.lexpressiondz.com/T20041213/ZA4-2.htm

EL KERMA (ORAN)
Les émeutes font 36 blessés
13 décembre 2004 - Page : 24

La localité d’El Kerma, située au sud-ouest de la ville d’Oran, a vécu une journée mouvementée, à la suite des échauffourées qui ont opposé des groupes d’habitants à un cordon du groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale. Le bilan fait état de 6 blessés parmi les gendarmes et d’une trentaine dans les rangs des manifestants, souffrant pour la plupart d’ecchymoses ou incommodés par les gaz lacrymogènes qui empestaient l’air de la ville, le rendant irrespirable. Pourtant, rien ne présageait une issue au bras de fer qui oppose, depuis bientôt une semaine, les autorités locales aux habitants, qui ont manifesté leur rejet de la liste des bénéficiaires des 80 logements sociaux affichés, mardi dernier. La veille, une délégation avait rencontré le wali d’Oran et avait transmis une plate-forme de revendications qui comportait, entre autres, la dissolution de l’Assemblée communale, tenue pour responsable de tous les cas d’injustice relevés dans la liste des bénéficiaires de logements. On reproche à l’Assemblée, composée de sept membres à majorité FLN sa mauvaise gestion des affaires de la commune. Hier, pour forcer la main aux autorités, des habitants ont procédé à la fermeture du siège de la commune pour empêcher les élus d’accéder à leurs bureaux. Toutes les tentatives de dialogue, entamées de part et d’autre, ont buté sur l’intransigeance d’un groupe de protestataires qui refusait d’accéder à la demande de réouverture des locaux pour permettre aux citoyens d’accéder à l’administration. La tentative des gendarmes de dresser un cordon de sécurité autour du siège de l’APC sera perçue comme une provocation par les manifestants qui se rueront alors sur tout ce qui peut être lancé en bombardant les gendarmes de projectiles. Cette attaque se soldera par des blessures occasionnées à six gendarmes. Leur réplique ne se fera pas attendre et leur charge fit fuir les manifestants qui utilisèrent certains balcons pour continuer à bombarder les gendarmes sur la défensive. Le recours aux gaz lacrymogènes sera la goutte qui fera déborder le vase. Une trentaine de manifestants sont interpellés. Des habitants parlent de deux personnes asthmatiques décédées pour une insuffisance respiratoire, mais cette information nous a été infirmée par le personnel de la médecine légale, qui ont affirmé qu’ils n’ont reçu aucun cadavre. La tension reste vive à El Kerma et nous reviendrons avec plus de détails sur les développements dans nos prochaines éditions.

S. BENSAYAH

 

http://www.latribune-online.com/1312/p0102.htm

La Tribune le 13 décembre 2004

Distribution de Logements sociaux

Interpellations et échauffourées à El Kerma, à Oran

Lundi 13 décembre 2004

Par Mohamed Ouanezar

Les citoyens de la localité d’El Kerma ont de nouveau donné libre cours à leur colère dans une nouvelle manifestation populaire qui a dérapé. Les habitants de cette commune, à une encablure au sud de la ville, ont vécu hier au rythme d’une action de protestation dans laquelle brigades anti-émeute et citoyens ont été les principaux acteurs. Hier encore, le décor de la commune d’El Kerma était aux fumées des gaz lacrymogènes et autres barricades et jets de pierres. Les gendarmes ont procédé à une dizaine d’arrestations parmi les manifestants, provoquant davantage de tension. Les écoles et les CEM de la localité sont restés fermés durant toute la journée d’hier et risquent de l’être aujourd’hui si la tension ne vient pas à baisser. Ce qui était redouté durant les deux derniers jours a fini par se produire, malgré l’intervention des responsables de la wilaya et les engagements pris par le wali de rétablir les citoyens dans leur bon droit. Tout a commencé quand plus de deux cents citoyens assiégeant le siège de la commune depuis les premières heures de la matinée ont empêché une fois de plus les élus d’accéder au siège de la commune. L’intervention des éléments de la brigade anti-émeute afin d’amener les protestataires à de meilleurs sentiments et de lever le siège sur la commune a fini par donner lieu à une occupation de la chaussée aux abords du siège de la commune. Dégageant les lieux, les citoyens mécontents ont, par ailleurs, jeté des projectiles en direction des forces de l’ordre, ce qui a provoqué des échauffourées entre les deux parties opposées. Ripostant, les éléments des forces anti-émeute ont chargé les manifestants en lançant des bombes lacrymogènes. aLa scène qui a suivi est celle d’une situation où tout incident était potentiellement possible, étant donné le climat de confusion qui régnait alors. Jusqu’en milieu d’après-midi, des groupes de jeunes continuaient à lancer des pierres contre les gendarmes qui ripostaient de temps à autre. Finalement, les assurances données par le wali concernant l’annulation des listes des bénéficiaires ne semblent pas avoir eu un grand intérêt pour ces citoyens en mal de confiance du fait d’une gestion catastrophique.

M. O.  

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http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=32240

Liberté Algérie du 13 décembre 2004

Actualité (Edition du 14/12/2004)

 

 

 

 

Au lendemain des émeutes d’El- Kerma (Oran)

La tension persiste
Par F. Boumediène - Lu (1437 fois)

Les jeunes du village rencontrés hier étaient encore sous le coup de la colère. Pour eux, la violence de l’intervention des brigades antiémeutes a dépassé la mesure. Ils accusent les forces de sécurité de dépassements et dénoncent des arrestations “arbitraires”.

Hier matin, les habitants de la commune d’El-Kerma, située à une quinzaine de kilomètres d’Oran, se sont réveillés en étant encore sous le choc des violences et de la répression qui se sont abattues sur leur village durant les véritables émeutes qui ont duré toute la journée et une partie de la soirée de ce dimanche, suite à la contestation de la liste des 80 bénéficiaires de logements sociaux.
Liste rendue publique, mercredi dernier. à l’entrée de la commune, les forces anti-émeutes occupent toujours un pont permettant l’accès au centre-ville. Le siège de l’APC, qui la veille avait été encerclé par des dizaines de jeunes interdisant quiconque d’y pénétrer, était également sous haute surveillance avec là encore, la présence des forces antiémeutes et des gardes communaux.
La place qui marque le centre de cette commune de 16 000 habitants, a, semble-t-il, était au cœur des affrontements. Plusieurs ruelles gardaient encore, hier, les traces de pneus incendiés, des façades également marquées par des tirs de bombes lacrymogènes. Près du café Baghdad, nous rencontrons plusieurs citoyens, parmi eux, notamment des jeunes dont le visage est sombre et les traits tirés. Ces derniers sont extrêmement tendus, et la colère qui les habite nous la ressentons être à fleur de peau. Apprenant que nous sommes des journalistes, très rapidement leur nombre s’accroît autour de nous ; à l’unanimité, ils veulent s’expliquer, raconter cette journée d’émeutes vécue pour la première fois dans leur commune et surtout dénoncer la violence de l’intervention des forces anti-émeutes : “c’est eux (les forces de sécurité ndlr) qui ont tout fait dégénérer… Ils se sont mis a tirer des bombes lacrymogènes de partout, certaines ont même atterri dans des maisons…Ils tapaient et insultaient même les femmes qui s’étaient retranchées dans leur maison... Ils ont arrêté des jeunes sans distinction, même ceux qui sortaient de l’école...”, nous raconte l’un d’entre eux et de poursuivre : “il y a eu de nombreux blessés. Beaucoup de monde a été arrêté également, et ils n’ont pas hésité à les poursuivre dans des cafés et même des maisons pour les appréhender...”
certains, sans que l’on puisse le confirmer cependant, diront que des arrestations se sont produites dans la nuit bien après les violences.
Au niveau du groupement de la gendarmerie où nous nous sommes rendus pour connaître le nombre d’arrestations et confirmer ou non ces témoignages, personne n’accepta de nous recevoir en l’absence du commandant. Pourtant, à El- Kerma, on nous parlera d’une trentaine d’arrestations, d’ailleurs, au niveau du siège de l’APC où se trouvait barricadé à l’intérieur, le maire, des parents venaient solliciter des interventions pour la libération de leurs enfants.
D’autres témoins de cette violence interviennent pour expliquer les raisons qui ont poussé des centaines de jeunes à sortir dans la rue et à dresser des barricades : “C’est normal, plus de la moitié des noms de cette liste ne sont pas des gens d’El- Kerma... C’est le ras-le-bol... Ici, il n’ y a que le chômage et la misère, c’est trop !  on en a marre, c’est pour cela que nous voulons plus de gens de cette APC ! Nous exigeons que la liste soit annulée et que des enquêtes soient ouvertes...”
Durant les émeutes, et hier encore, circulait la rumeur du décès d’un jeune de 17 ans suite aux émanations des gaz lacrymogènes. Une information qui nous sera démentie par des personnes lors de la veillée funèbre. ce décès n’a pas de relation avec les émeutes, nous dira-t-on.
Mais cela en dit long sur le climat qui règne à El-Kerma puisque cette “nouvelle” a été très rapidement relayée dans la commune et jusqu’à Oran durant toute la journée d’hier.
Le calme apparent, qui règne à El-Kerma, maintient encore en alerte les forces de sécurité alors que les jeunes de cette commune attendent la libération de leurs camarades et attendent de pied ferme une réponse à leurs revendications.

F. B.

 

http://fr.allafrica.com/stories/printable/200412140350.html

Allafrica.com du 14 décembre 2004

Justice sociale
La Tribune (Algiers)
ACTUALITÉS
14 Décembre 2004
Publié sur le web le 14 Décembre 2004
By Abdelkrim Tazaroute

La commune d'El Kerma, à Oran, sort de l'anonymat, médiatisée qu'elle est par un événement dramatique.

Une distribution de logements sociaux qui tourne mal parce que contestée par nombre de citoyens qui, fatalement, se sentent lésés car non bénéficiaires de ce qui s'apparente désormais à une loterie sauf qu'il ne s'agit pas là d'un jeu mais de ce qui est qualifié d'un droit, en réalité aux contours peu définis, sinon perméable à plusieurs interprétations et ce, bien sûr, au regard de la pratique effective du dossier du logement social. On comprend alors pourquoi la population d'El Kerma exprime violemment sa colère comme l'ont fait auparavant et le feront certainement les habitants d'autres localités du pays chaque fois qu'une liste des bénéficiaires de logements sociaux est affichée. Ce n'est pas une première. Le problème est récurrent et le recours systématique à l'émeute renseigne, si besoin est, que la question est loin d'être maîtrisée et qu'assurément, la quête de l'Etat d'assurer et d'assumer sa politique de justice sociale bute devant l'épineux obstacle du déficit accumulé en logements. L'ampleur de la demande en logements sociaux dépasse de très loin l'offre proposée par l'Etat.

Par conséquent, tous les efforts consentis, notamment financiers, au nom justement de la justice sociale ne se traduisent dans la réalité du quotidien du citoyen qu'en termes de promesses chimériques. Le problème du logement social est exacerbé par le détournement qui s'opère au profit d'une catégorie de bénéficiaires qu'excluent logiquement les critères d'attribution. Autrement dit, c'est une catégorie sociale qui n'est pas dans le besoin qui accapare des quotas à chaque distribution de logements sociaux et ce, au détriment des démunis. La contestation prend une ampleur telle que les présidents d'APC gèlent les opérations d'attribution. Objet de toutes les attentes et véritable pomme de discorde, le logement social qui devait, dans les textes, régler le problème de l'exclusion sociale est en passe de créer plus de problèmes qu'il ne devait en régler.

La question est loin d'être tranchée. Et même si l'Etat prend soin d'avertir que, progressivement, la question du logement ne sera plus prise en charge financièrement directement ou indirectement, il ne peut se dessaisir de l'épineux dossier quoique des formules soient proposées aux autres catégories sociales, telles que la location-vente. Pour toucher du doigt la complexité de la question du logement social, il y a lieu de relever une situation paradoxale. Alors que le déficit en logements, causé principalement par le ralentissement de la croissance suite à la chute des recettes dès 1985, est estimé à 1,2 million de logements, auquel il faut ajouter, selon les statistiques disponibles actuellement, une demande annuelle de 102 000 logements, 55 000 logements sociaux sont en attente de distribution. Le fait que chaque distribution de logements sociaux tourne à l'émeute remet en cause tous les mécanismes en cours actuellement.

Où se situe réellement la difficulté au-delà du fait qu'il est reconnu que la demande dépasse largement, et de loin, l'offre ? S'il est difficile d'y répondre, il est clair que le transfert des prérogatives d'attribution des logements sociaux de la sphère des compétences des APC aux daïras ne va pas visiblement apporter une solution au problème tant que ne sont pas respectés à la lettre les critères qui ouvrent droit à l'accès au logement social. Théoriquement, cette question est réglée ; dans la pratique, la donne change.

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http://www.aljazeerah.info/News%20archives/2004%20News%20archives/December/14%20n/Dozens%20Hurt%20in%20Algeria%20Riots%20Over%20Housing%20Shortage.htm

Al-Jazeerah.info, GA - Dec 14, 2004

Dozens Hurt in Algeria Riots Over Housing Shortage 

Reuters Arab News

ALGIERS , 14 December 2004 — More than 30 youths and six policemen were injured in riots on Sunday over a shortage of housing in western Algeria , newspapers said.

More than 100 demonstrators, many hooded, burned tires and hurled Molotov cocktails and stones at anti-riot police in Oran , Algeria ’s second largest city, daily Le Quotidien d’Oran said yesterday.

Some 30 people were arrested in the street disturbances, sparked by anger at the limited allocation of new state-subsidized apartments, L’Expression said.

Authorities were not immediately available for comment.

Demonstrations are rare because they need approval from the Interior Ministry under a state of emergency in place since 1992, when the cancellation of elections a hard-line Islamic party was set to win sparked more than a decade of violence.

But riots are becoming more frequent as frustrated youths take to the streets over a lack of housing and jobs. Unemployment stands at almost 30 percent.

More than 150,000 people, mostly civilians, have died since 1992, according to human rights groups.

Re-elected President Abdelaziz Bouteflika has pledged to make one million flats available over the next five years and recently unveiled a five-year, $50 billion investment program to cut unemployment, bolster growth and update infrastructure.

 

http://www.lexpressiondz.com/T20041214/ZCH5.htm


Une bombe à retardement
14 décembre 2004

Celui qui a inventé la notion de logement social en Algérie a mis au point une véritable bombe à retardement. Il suffit d’évoquer le sujet dans une municipalité pour susciter les espoirs les plus fous dans un premier temps, et les colères les plus homériques dans un second temps.

D’abord, ce qu’on a appelé la crise du logement est un véritable problème chez nous. La demande reste toujours de loin supérieure à l’offre, à cause bien sûr de la poussée démographique qui est l’une des plus importantes du tiers-monde, mais aussi à cause d’un retard qui a duré plusieurs décennies, un retard dont les effets ont été aggravés par la mauvaise gestion, le manque de planification, le laisser-aller et l’anarchie dans la construction, alors même que les cités dortoirs sont une plaie et un dysfonctionnement dans le nouveau paysage urbain.

D’un côté, le logement est ce nid douillet qui donne à rêver et auquel chacun a droit. Non seulement les appartements sont surpeuplés, les familles s’agrandissant d’année en année, poussant leurs différents membres à se battre griffes, bec et ongles pour le moindre pouce d’espace, dans la promiscuité des murs et des coeurs. A tour de rôle les jeunes hommes prennent femmes, accaparent les pièces disponibles, font des enfants qui eux-mêmes ont besoin d’espace pour vivre, jouer, et grandir. Ainsi va le monde. Il faut alors songer à se séparer pour voler de ses propres ailes. Malheureusement, le marché immobilier n’offre que peu d’occasions de se dégoter un quatre murs, ne serait-ce qu’un deux-pièces. Pour le commun des citoyens, autant chercher à décrocher la lune : les appartements sont hors de prix à l’achat, inabordables à la location. Le salaire d’un citoyen ne lui permet pas de réaliser ce qui est considéré comme un luxe, et qui est pourtant un droit fondamental, autant que le travail, l’école et les soins, ou l’air qu’on respire.

D’un autre côté, la démagogie et le populisme, qui sont les deux mamelles des gouvernants depuis l’indépendance du pays, ont été utilisés comme une arme à double tranchant pour gérer dans l’opacité la plus totale un parc immobilier hérité de l’ère coloniale, en accaparant les meilleures villas et appartements au dinar symbolique, dans le style pur jus du stakhanovisme dirigiste, alors que le reste du parc immobilier a été laissé à l’abandon et à l’injure du temps. Bien sûr, on n’oubliera pas que la crise du logement est aggravée par la séparation de l’espace entre hommes et femmes. Aux premiers l’extérieur, aux secondes l’intimité des froufrous et de l’intérieur des maisons, des cours, des patios, tout ce qui est à l’abri des regards masculins, dans le droit fil de notre mentalité de Maghrébins musulmans, endurcis par le soleil.

Pendant que les hommes sont dehors, au travail, au café pour une partie de dominos, adossés au mur dans le quartier, au volant de leur voiture ou agrippés aux vitres des transports en commun, chômeurs pour certains, hittistes ou trabendistes pour d’autres, les femmes elles, sont derrière les fourneaux, accroupies devant une pile de linge ou les pleurs d’un marmot, en commérage avec les voisines dans la cour ou au balcon.

Mais tous, hommes ou femmes, adultes ou enfants, travailleurs ou chômeurs, tous n’ont qu’un seul rêve en tête. Voir leur nom sur la liste d’attribution des logements sociaux. Neuf sur dix, il n’y est pas, et c’est alors le désespoir, la colère, des émeutes et des antiémeutes, l’érection de barrières et de barricades, des pneus qui brûlent en dégageant une fumée étouffante, et le siège de l’APC auquel on met le feu.

Quel que soit le parti aux commandes de l’Assemblée communale, tous, à un moment ou un autre, au moment justement de l’affichage des listes, doivent affronter cette même situation. Les élus et les notables s’arrangent toujours pour faire figurer un des leurs sur ces listes, au détriment de tous les autres qui s’estiment lésés. Et c’est toujours la goutte qui fait déborder le vase. C’était hier le cas à El Kerma, du côté d’Oran. Mais c’était le cas, la semaine passée, à Khenchela. C’est partout pareil.

Ahmed BEN ALAM

 

http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=32293

Liberté Algérie du 15 décembre 2004

La 24 (Edition du 15/12/2004)

Après les émeutes d’El-Kerma
23 mandats de dépôt
Par F. Boumediène - Lu (209 fois)

Un peu plus de 24 heures après les émeutes qui ont eu lieu dans la commune d’El-Kerma (wilaya d’Oran), 25 personnes ont été présentées au tribunal d’Es-Senia. À l’heure où nous mettons sous presse, des sources nous confirment la mise sous mandat de dépôt de 23 prévenus. Le juge d’instruction a retenu contre eux 8 chefs d’inculpation, à savoir entrave à la libre circulation, attroupement illégal, destruction de biens publics… Deux mineurs parmi les prévenus ont été relâchés, nous signale-t-on encore.
En fin de journée, les familles des prévenus cherchaient à confirmer la rumeur faisant état de la libération de certains parmi les jeunes arrêtés. À El-Kerma, le calme est revenu alors même que le maire de la commune a été sollicité à maintes reprises pour intervenir en faveur des jeunes qui ont été arrêtés.
Quant à la liste des bénéficiaires des logements sociaux, elle a été gelée et une enquête est en cours pour débusquer “les intrus”. L’administration, qui tente d’apaiser les esprits, appelle les citoyens à déposer des recours et de patienter jusqu’aux résultats de l’enquête.

F. B.

 

http://www.lexpressiondz.com/T20041215/ZA4-3.htm

LOGEMENT SOCIAL
L’empreinte de la maffia

 

 

15 décembre 2004 - Page : 7

Le rapport parc immobilier-famille en Algérie donne la proportion de 1,5 logement par foyer.

La question du logement social passe pour être l’un des dossiers les plus épineux que l’Algérie ait eu à affronter. Dans le million d’unités promis par le chef de l’Etat pour son second quinquennat, le programme dit de logement social locatif est en bonne place. L’Algérie de 2004 prend donc l’engagement d’en finir une bonne fois pour toutes avec cette plaie que nos voisins du Maghreb ne semblent pas connaître. Avec un parc de quelque 600.000 logements hérités de l’administration coloniale, les villes algériennes étaient quelque peu dépeuplées, à la faveur du départ massif des colons.

Ainsi, de 1962, jusqu’au milieu des années 70, la situation, dans de nombreuses villes était assez maîtrisable et l’on parlait peu de problème de logement. Avec l’avènement de l’industrie industrialisante, un très important exode rural en direction des pôles d’attraction industriels, avait constitué le principal facteur qui a débouché sur un surpeuplement des grandes villes. Dès la fin des années 70, les bidonvilles ceinturant les villes ont commencé à proliférer à grande vitesse et du jour au lendemain, la question du logement a pris des proportions considérables. Le taux moyen d’occupation d’une habitation est monté en flèche pour se situer autour de 8 personnes par logement, l’un des plus élevés au monde.

Un trafic à grand échelle

Aussi, la question du logement s’est-elle imposée comme l’une des priorités absolues au début des années 80. De grands efforts ont été déployés par l’Etat pour venir à bout du problème. Des centaines de milliers de logements ont été réalisés en moins d’une dizaine d’années. Seulement, le taux d’accroissement de la population et le phénomène de l’exode rural ont été plus forts et l’Algérie est entrée dans une logique de course contre la montre qu’elle n’arrive toujours pas à gagner plus de deux décennies plus tard. Cela dit, l’échec des gouvernants à endiguer le mal tient également à la nature du système, dont les pratiques ont ouvert la porte à une faune d’opportunistes et de spéculateurs qui ont largement détourné les programmes de logements sociaux à leur profit. De véritables réseaux maffieux, où officient des responsables locaux, des intermédiaires et de gros bonnets du système se sont constitués.
Ainsi des dizaines de milliers de logements, en principe destinés aux plus démunis, ont été affectés à des membres de cette maffia qui les ont revendus, constituant ainsi des fortunes colossales. Un véritable trafic qui se pratiquait à ciel ouvert, sans que personne n’ait cru bon d’y mettre un terme. Un seul chiffre officiel montre l’ampleur de ce détournement. Qu’on en juge: le rapport parc immobilier-famille en Algérie donne la proportion de 1,5 logement par famille. L’équation se résout comme suit: il est des foyers algériens qui disposent de trois, quatre, voire cinq demeures, alors que d’autres s’entassent à plusieurs dans un gourbi. Cela explique clairement la statistique tout aussi officielle qui indique que l’Algérie dispose de plus 1,2 million de logements actuellement vides. On en est arrivé, en Algérie, à une situation kafkaïenne où techniquement la crise du logement est largement résorbée, alors qu’un nombre de plus en plus grand de citoyens se plaignent d’être très mal logés.

Des mesures inefficaces

Les différentes équipes gouvernementales ont donc lamentablement échoué à assurer une justice sociale dans le domaine du logement. Pis, ils ont été à l’origine d’une injustice, dont le pays a très chèrement payé les conséquences. Beaucoup de membres des fameuses commissions de wilaya chargées des distributions avaient, il faut le dire, un fil à la patte avec la mafia. A aucun moment de véritables sanctions n’ont été prises à l’encontre des trafiquants. L’intervention de l’Etat pour mettre un terme au trafic a eu lieu en 1997. Le chef du gouvernement de l’époque, Ahmed Ouyahia, signe un décret rendant incessibles les logements sociaux et donnant prérogatives des livraisons de programmes aux élus communaux. Le gouvernement n’a fait, en réalité que déplacer le problème. Les réseaux maffieux se sont très vite adaptés à la nouvelle ère et le trafic est reparti de plus belle. Des indus bénéficiaires sont régulièrement décelés par les citoyens, dans une ambiance d’impunité généralisée. Pas de sanctions. On se contente seulement de geler les distributions de logement sociaux.

Ces dernières années, la coupe est apparemment pleine. Les citoyens ne se suffisent plus de protestations verbales, mais ils se livrent à des saccages systématiques à chaque affichage de listes de bénéficiaires. Résultat : plus de 50.000 logements sociaux réalisés sont inoccupés, alors que la demande exprimée tourne autours du million d’unités.

La parade trouvée par le gouvernement est, encore une fois, en rapport avec le mode de distribution. Ouyahia a décidé récemment de confier cette tâche aux chefs de daïra avec la promesse de livrer tous les logements en instance, d’ici à la fin de l’année. Les récentes émeutes sont un avant-goût de ce que sera le climat social en Algérie, dans les quelques semaines à venir.

Mourad SID-ALI

 

http://fr.allafrica.com/stories/printable/200412150895.html

Allafrica.com du 16 décembre 2004

Logement social ne trouve pas formule : 55 000 appartements attendent leur distribution avant la fin de l'année
La Tribune (Algiers)
ACTUALITÉS
16 Décembre 2004
Publié sur le web le 15 Décembre 2004
By Saliha Aouès

Le logement, une crise à l'échelle nationale, qui s'est essayée à toutes les solutions, sans jamais trouver la bonne formule. Un problème épineux qui se heurte à une situation explosive.

Un état des lieux à travers le pays rend compte de son ampleur : des manifestations tournent souvent à l'émeute en raison d'une distribution de logements, sociaux s'entend, jamais satisfaite, toujours remise en cause. D'où mécontentement et révolte. Ce qui a fait intervenir les forces de l'ordre cette semaine à El Kerma dans Oran. Un incident parmi des milliers depuis que le logement social a révélé au grand jour les tares d'une gestion politique irréfléchie qui s'est toujours déroulée dans l'anarchie et l'opacité. N'a-t-on pas d'ailleurs dénoncé et porté en public le chiffre effarant de près de 900 000 logements fermés dans le pays par leurs propriétaires qui sont nullement dans le besoin.

L'estimation des besoins annuels est de près de 300 000 logements, alors que l'Etat préconise de résorber un million de toits d'ici 5 ans, propos du président de la République dans sa campagne lors des dernières élections présidentielles. D'autre part, ce dossier jusque-là pris en charge par la commune, est mis entre les mains de la wilaya déléguée depuis octobre dernier. Une nouvelle réglementation est entrée en vigueur, instruite par le chef du gouvernement qui a signé un décret. Dans ce dernier, il est stipulé que la commission communale ad hoc où siègera l'administration, sans représentants de citoyens, aura à examiner les dossiers de demandes, après constatation sur le terrain par une brigade d'enquête. C'est cette commission ad hoc qui aura donc à trancher sur les 55 000 logements à distribuer dans le pays avant la fin de l'année, dont 2 000 pour Alger.

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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2004/12/18/article.php?sid=17013&cid=2

Le Soir d’Algérie, 18 décembre 2004

Actualités : EMEUTES D’EL-KERMA
Arrestation du principal accusé

Les services de la Gendarmerie nationale ont arrêté mercredi dernier à El-Kerma, le principal instigateur des émeutes de cette commune, qui était en état de fuite. Ce dernier, L. M., qui occupait avant les fonctions de DEC d’El- Kerma, précise-t-on, a déjà été condamné par contumace à 24 mois de prison, pour faux et usage de faux et usurpation d’identité.
Selon certaines sources, l’accusé qui serait du mouvement de redressement du FLN, avait appelé la population à se révolter afin d’annuler la liste des bénéficiaires de logements sociaux. Il sera présenté aujourd’hui devant le tribunal d’Es-Senia. Il convient de rappeler que 23 personnes de la même commune, ont été placées lundi dernier sous mandat de dépôt pour entre autre attroupement et dégradation de biens d’autrui. La population attend toujours les résultats de l’enquête diligentée sur ordre du wali d’Oran, afin d’éliminer les noms des bénéficiaires, qui n’ouvrent pas droit au logement. Les recours sont déposés au niveau de l’APW, qui les étudiera en consultant plusieurs organismes, dont l’OPGI, la CNL et les agences foncières.
Soraya. H. A.

 

http://www.elwatan.com/2004-12-18/2004-12-18-10059

El Watan, 18 décembre 2004

50 milliards pour partir
Dans cette période revendicatrice comme jamais peut-être l’Algérie n’en a connu, la question s’est posée, entre deux émeutes violentes et deux sauvages répressions : faut-il trop revendiquer ou pas assez ? Il est évident que oui, il vaut mieux en demander plus pour en avoir moins, comme il faut demander un SNMG à 20.000 dinars pour en obtenir la moitié.

Les patrons veulent moins d’impôts et plus de crédits, tout comme les travailleurs un meilleur salaire et l’Etat de plus grandes rentrées fiscales et moins de charges sociales. Si l’émeutier d’El Karma a raison de vouloir un logement pour regarder TPS tranquille, celui de Aïn Boulboul une route en goudron pour aller voir sa mère et le militant de Ghardaïa moins de coups de matraque pour plus de respect, il y a dans cette société en demande tout et n’importe quoi. Comme ce jeune qui s’énervait (sincèrement) que l’état ne lui donne pas les moyens nécessaires pour aller s’installer en Australie. Si, à première vue, l’idée d’un état qui donne de l’argent à sa population pour qu’elle aille s’installer ailleurs semble absurde, elle ne l’est pas vraiment. Dans le plan de relance de 50 milliards de dollars, pourquoi ne pas en réserver une partie à ceux qui veulent partir puisque, de toutes façons, cette partie ira nourrir des réseaux clientélistes qui n’ont que faire du progrès général ? L’idée est que l’état aille jusqu’à s’engager auprès de cabinets d’avocats et signer des accords avec des pays tiers (développés ou non) pour faciliter les procédures d’émigration. Les avantages sont évidents : moins de chômeurs, moins de demande, plus de facilité pour ceux qui resteront. Ces derniers n’auront alors plus d’excuses et seront obligés de faire quelque chose, ici et maintenant. Le fantasme du paradis extérieur serait enfin réglé et le principe que l’enfer est d’abord dans la tête enfin installé.

Chawki Amari

 

http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=32428

Liberté Algérie

Actualité (Edition du 19/12/2004)

 

 

 

 

Après la décision du gouvernement de dessaisir les Apc de la distribution du logement social
Les maires d’Alger en colère
Par Ali Farès

Décision politique ou simple allègement du plan de charges ? Les nouvelles dispositions relatives à la distribution des logements sociaux ont suscité différentes réactions de la part des élus.

De prime abord, les maires n’ont pu cacher leur déception, réaction épidermique à une ingérence qui pointe son nez dans les pouvoirs qui leur sont conférés. D’aucuns considèrent cela comme un acte visant à faire diminuer la fourchette de leurs prérogatives. Une préoccupation, somme toute, légitime quand on sait que le logement a toujours constitué un atout lors des campagnes électorales. Cependant, il faut reconnaître que gérer ce dossier n’est pas de tout repos. Nombreux sont les cas où des communes ont vécu des évènements tragiques dont l’origine est liée à la distribution des logements. Un dossier délicat pour les circonscriptions et daïras.  “Si les instances pensent que cette décision vient à point mettre un terme au manque de maîtrise du dossier logement par les assemblées élues, je refuse personnellement de m’inscrire à cette idée. Ces dernières ont, du moins pour la plupart, montré jusque-là toute la rigueur exigée par la gestion de ce que d’aucuns qualifient de cadeau empoisonné”, confie le maire de Sidi-M’hamed, Mokhtar Bourouina. Son collègue de l’APC d’Alger-centre abonde dans le même sens pour expliquer que ça ne sera pas facile aux daïras et circonscriptions administratives de gérer un aussi épineux dossier. “Il est vrai que certaines communes ont trouvé d’énormes difficultés pour mener à bien une opération de distribution de logements. En revanche, beaucoup d’entre elles ont réussi sans la moindre difficulté à faire preuve d’un sens aigu de sagesse”, dira Tayeb Zitouni. Peut-on parler alors de décision politique sachant que la majorité des assemblées sont d’obédience FLN ? Sans le crier ouvertement, bon nombre d’élus pensent tout bas que cette hypothèse n’est pas à exclure bien qu’aucune preuve n’ait pu être constatée. “S’il n’y avait pas du vrai dans cette variante, comment peut-on expliquer que le dossier ait pu être transféré vers la daïra ou la circonscription administrative qui n’ont pas de lien direct avec les citoyens et la réalité de la situation de chaque nécessiteux ?” fera remarquer un élu.

Revoir la politique du logement
En revanche, là où les maires semblent être d’accord, c’est la révision de la politique du logement social. “Quand l’offre est loin de répondre à la demande, il n’y a même pas lieu de discuter de la question. Je trouve que les nouvelles mesures sont venues pour alléger les communes du poids insupportable qui pesait sur elles. La solution me paraît dans l’amélioration des conditions d’accès au logement avec la formule participative”, explique le P/APC de Bordj El-Bahri. Drôle de coïncidence, ce dernier nous a reçus au moment où un sit-in était organisé devant la mairie par des citoyens venus réclamer chacun son lot de terrain. “Comme vous le constatez, nous ne gérons que les problèmes. La question du logement est insoluble tant que les pouvoirs publics ne privilégient pas d’autres créneaux où la participation des citoyens dans une certaine limite serait envisagée”, dira-t-il. Pour le maire d’Alger-centre, il ne peut y avoir de stabilité qu’à la seule condition que la politique du logement soit révisée en prenant en considération les critères. “La réalité est bien là pour démontrer que le logement social est une option qui tend à disparaître avec le temps. Aujourd’hui, comme on peut le constater partout dans le monde, seule la formule participative semble connaître un succès. La subvention de l’État étant ce qu’elle est, elle ne peut à elle seule suffire à faire face au dossier, sachant que le déficit en la matière se chiffre à plus d’un million de logements. L’un des exemples qui mérite d’être cité est celui préconisé par la formule location-vente de l’AADL qui, dès son lancement, a connu un engouement dépassant toutes les prévisions”, explique-t-il. Pour M. Ladjal, vice-président de l’APC de Kouba, cette mesure n’est pas la première du genre. “Puisque le dossier logement était avant son transfert au niveau de la municipalité, géré par l’Opgi. Son but était de mettre un terme à la tension sociale générée par la crise du logement. Avec le temps, force est de constater que la solution n’est pas dans le fait de transférer ce volet à tel ou tel autre organisme”, commente-t-il. Un avis partagé par le maire de Birkhadem, M. Berbiche : “Si la décision de transférer les prérogatives d’attribution du logement social ne semble pas plaire aux élus, une question s’impose, celle de savoir ce que fera la daïra face à un problème épineux, d’autant plus que le dossier sera toujours traité par une commission.” Désormais, la commission ad hoc sera présidée par le wali délégué et des représentants de l’administration. Cette dernière qui sera chargée de traiter les demandes fera pratiquement la même enquête que la commission que présidait auparavant le chef de l’exécutif communal et qui, il faut le rappeler, comprenait trois élus, les représentants de l’organisation des moudjahidine, des enfants de chouhada, de l’UGTA ainsi que les comités de quartier.

Les raisons avancées

D’aucuns disent que les mécontentements enregistrés un peu partout dans le pays à chaque fois que des listes sont affichées au niveau des APC est la raison qui a motivé cette décision. 
Une explication qui tient la route si l’on se réfère en effet au nombre de frondes enregistrées. Dans plusieurs cas, la force publique a été utilisée, bien que ce recours se soit avéré quelquefois inefficace pour ne pas dire à l’origine d’affrontements aux conséquences regrettables. Baba Ali, Tessala El-Merdja, Hussein Dey, Aïn Benian, Chéraga sont autant d’exemples dans la capitale témoignant de la gestion très difficile du dossier logement social.
Peut-on espérer qu’avec les dispositions du nouveau décret exécutif, la wilaya déléguée fasse mieux ? Selon certains élus, rien n’est sûr.  “Nous sommes plus proches des citoyens et nous connaissons mieux la réalité du terrain. Notre présence dans la commission est une nécessité pour l’administration qui aura à gérer les logements sociaux. Toutefois, nous n’avons pas la prétention de négocier, encore moins de remettre en cause les décisions du gouvernement”, explique M. Zitouni.

Pour ce maire, la politique d’assistanat doit disparaître. C’est là une idée qui résume la volonté du secteur de l’habitat de mettre en veilleuse le chapitre du logement social. C’est justement, eu égard aux lenteurs qui ont toujours prévalu dans la gestion de ce dossier, que les nouvelles dispositions seront appliquées.
Le chiffre effarant de 55 000 logements gelés, alors qu’autant de familles attendent le geste salutaire, en est une preuve incontestable. Tout récemment, le directeur du logement de la wilaya d’Alger, Mohamed Smaïl, a annoncé que 2000 logements en souffrance depuis 2001 seraient sur le point d’être  distribués. Une bonne nouvelle certes, mais peu réjouissante sur le terrain quand on sait qu’un bon nombre de communes concernées sont toujours en butte au fameux problème des listes des bénéficiaires. 
Bonnes ou mauvaises, ces nouvelles dispositions sont perçues dans l’indifférence totale par les demandeurs de logements, à l’exemple de ce père de famille rencontré devant le siège de la commune de Chéraga, qui déclare sans ambages : “qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse.”

A. F.

 

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-12-22/2004-12-22-453432

Article paru dans l'édition du 22 décembre 2004.

Tensions sociales en Kabylie

La fin de l’année est marquée par la colère et la multiplication d’émeutes et de grèves.

Tizi Ouzou, la métropole kabyle, a été paralysée lundi par la grève des commerçants. Tous les commerces ont baissé leur rideau à l’appel de l’Association des commerçants et de la coordination locale du Mouvement citoyen, les Arouchs, pour protester contre la non-application d’une note de la direction des impôts concernant des mesures d’exonération fiscale. Cette note est le résultat d’un accord datant du 6 janvier 2004 entre une délégation du Mouvement citoyen et le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. La crise sociopolitique des années 2000 à 2003, en Kabylie, s’était traduite par un sérieux ralentissement des activités économiques et commerciales au point que le manque à gagner s’est élevé à plusieurs centaines de millions d’euros pour les commerçants et la PMI-PME. Pour le Mouvement citoyen de Belaïd Abrika, le succès de cette grève a démontré que son organisation n’est pas morte et qu’elle peut rebondir à tout moment. D’ailleurs, il envisage d’étendre les actions aux trois grands départements de la Kabylie , d’autant que la tension sociale est grande en cette fin d’année.

Bou Saada, 250 kilomètres au sud d’Alger, a été le théâtre, lundi en fin d’après-midi, de violentes émeutes. La mairie a été incendiée après avoir été saccagée par une foule en colère. À l’origine de cette colère, des centaines d’habitants qui ont été exclus d’une liste de 860 logements sociaux distribués par la mairie, rapporte le quotidien El Watan. La protestation a touché plusieurs quartiers de la ville. Dimanche, c’est la localité d’El Karma, près d’Oran, qui a connu de violentes manifestations. Lundi, le tribunal d’Es Senia a condamné vingt-trois jeunes interpellés par la gendarmerie à des peines allant de six mois à deux ans de prison ferme pour « rébellion, attroupements et destruction de biens d’autrui ». Le 13 décembre, à Méchéri, au sud d’Oran, des affrontements ont opposé des chômeurs aux forces de l’ordre. Ils protestaient contre le recrutement par une entreprise de rénovation ferroviaire de personnes non originaire d’une ville où le taux de chômage dépasse les 20 %. La veille, à Oran, deuxième ville d’Algérie, un millier de jeunes ont dressé des barricades de fortune, ils ont incendié des pneus et jeté des projectiles contre les forces de police, protestant contre la pénurie de logements. Plus de trente manifestants et six policiers ont été blessés au cours des affrontements. Ajoutées aux grèves qui touchent de nombreux secteurs d’activité, ces émeutes, expression d’un fort mécontentement social, dénotent que les promesses d’amélioration promises par le gouvernement tardent à se concrétiser. D’autant qu’aux yeux de l’opinion algérienne, les recettes tirées de l’exportation des hydrocarbures ont atteint des niveaux record. Les réserves de change ont dépassé les 40 milliards de dollars à fin 2004 alors qu’ils étaient à un niveau zéro en 1992 !

Hassane Zerrouky