http://www.elwatan.com/journal/html/2004/07/11/sup_html.htm

El Watan, 11/07/2004

L’arrivée de l’été exacerbe les tensions dans plusieurs régions du pays / Soulèvement dans des quartiers de Djelfa

Par centaines, les habitants des quartiers périphériques d’Aïn Chih, blocs 36 et 40 ainsi que Chaoua ont investi la rue pendant toute la journée d’hier pour dénoncer la misère dans laquelle ils vivent depuis des années.

Dans la matinée, les citoyens en colère ont barré la route en déposant des blocs de pierre et en brûlant des pneus. Les manifestants nous ont expliqué sous les jets de pierres les raisons de cette colère : «Depuis des années, nous vivons dans la misère la plus totale et dans l’indifférence la plus généralisée. Plusieurs de nos enfants sont morts de maladies dues aux microbes qui font partie de notre quotidien, parce qu’il n’y a ni assainissement, ni électricité, ni eau. Sept adultes sont décédés par électrocution en l’espace de six mois, alors qu’ils tentaient de bricoler l’éclairage afin de nous assurer la sécurité. Nous mourons de soif, parce qu’il n’y a pas d’eau, et de faim, parce qu’il n’y a pas de travail.» Le chef de daïra et le président de l’APC, qui se sont rendus sur les lieux, ont été chassés à coups de pierres et d’insultes par les manifestants hostiles à tout dialogue et réclamant le wali en personne. En fin de matinée, une délégation représentant les manifestants est reçue par le chef de cabinet du wali, qui a tenté de calmer les esprits en expliquant aux membres de cette délégation qu’un quota de logements leur est réservé dans le cadre du programme du Président. M. Fethi Bouzaïd nous informera que ces logements sont en cours de réalisation et que les représentants des habitants de ces quartiers ont eu l’occasion de visiter les chantiers. Mais les habitants des quartiers pauvres ne l’entendent pas de cette oreille. «Nous patientons depuis 1988. Il n’est pas question de patienter davantage», nous ont-ils déclaré en précisant que des quotas de plusieurs centaines de logements sont déjà réalisés dans le cadre du social et qu’ils doivent être livrés incessamment. «Nous estimons que nous sommes prioritaires.» En début d’après-midi, les manifestations de colère ont tourné à l’émeute, et la situation a dégénéré pendant tout l’après-midi.La brigade de la Sûreté de wilaya fera une «entrée» musclée. A bout de patience, les policiers matraquent les jeunes en furie, en les poursuivant jusque dans leur domicile. Les affrontements dureront plusieurs heures. Une cinquantaine de jeunes, selon l’adjoint de la Sûreté de wilaya (le double, selon les citoyens), ont été arrêtés et conduits dans un lieu tenu secret. Deux femmes (la mère et la sœur) d’un enfant de 12 ans interrogeront le responsable de la police sur le sort du petit garçon qui a été embarqué. Réponse d’un policier : «Vous n’aviez qu’à le garder à la maison pour lui donner le biberon puisqu’il était si jeune que ça.» La mère, en larmes, nous expliquera qu’elle est veuve et seule responsable de la famille. L’enfant en question, nous l’avons vu et entendu crier : «Donnez-nous nos droits.» Le commentaire du chef de daïra sera clair : «Il y a des maisons de rééducation pour les mineurs et des prisons pour les majeurs.» Le chef adjoint de la Sûreté de wilaya dira à propos des passages à tabac perpétrés contre les jeunes manifestants : «L’ordre public doit être préservé quoi qu’il en coûte.»
Par Nora Benyagoub

 

http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=26285

Actualité (Edition du 11/7/2004) 

La vague de protestation se poursuit

Émeutes à Djelfa

Par Lotfi G. Lu (906 fois)

Une vingtaine de jeunes a été arrêtée hier.

Djelfa a été secouée une nouvelle fois, hier, par la protestation des habitants du quartier Bloc-36, situé au Sud de la ville, qui ont bloqué la RW1 en signe de contestation sur les conditions de vie très difficiles dans lesquelles ils se trouvent depuis 1988, l’année où leur quartier a vu le jour.

Une soixantaine d’habitants de ce quartier s’est déplacée au siège de la wilaya espérant une entrevue avec le wali, mais en vain, “le wali a refusé de nous recevoir !”, nous lança Abdelkader, 38 ans, père de famille, avant d’ajouter : “Nous n’avons qu’à manifester notre colère et c’est fait !” Quant à Mohamed, lui, parle d’humiliation de la part des autorités locales. “Personne ne veut nous écouter, toutes nos requêtes sont restées sans suite !”,  nous dira-t-il.

L’effervescence est à son comble, pneus incendiés, barricades… Plus de trois cents personnes se sont rassemblées pour exprimer leur désarroi. “Nous ne voulons qu’un toit pour vivre dans la dignité !”, s’écriait l’un des manifestants en colère.

En fait, ce sont plus de 300 familles qui vivent dans ce “ghetto” où l’eau n’existe pas, tout comme le réseau d’assainissement. Ce quartier de misère est entouré par quelques immeubles réalisés récemment pour… cacher l’autre face de Djelfa. À midi, les éléments de la Sûreté nationale, comme à leur habitude, avaient déjà entamé des pourparlers avec les manifestants surchauffés. Le maire, venu faire l’“élu”, a failli être lynché sous un ciel d’insultes. “Il n’a aucune crédibilité !”, lança Mohamed. “Nous ne croyons plus à ses promesses !”, ajoute-t-il.

15h, les éléments antiémeutes font leur apparition, ils étaient une cinquantaine, les bombes lacrymogènes et les coups de bâtons ont pu disperser la foule nombreuse en protestation. Les éléments de la Gendarmerie nationale observaient de près l’évolution de la situation au moment où les policiers ont procédé à l’arrestation de plus de vingt personnes.

Bien que le calme soit revenu au Bloc-36, les habitants exprimaient leur indignation suite à l’arrestation de plusieurs personnes, s’écriant : “Nous sommes victimes de la hogra.”

 

http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=26337

Edition du 12/7/2004

Émeutes de Djelfa
Seize manifestants jetés en prison
Par Rédaction de Liberte Lu (481 fois)

Au lendemain des émeutes qui ont secoué
Le quartier Bloc-36 à Djelfa 16 manifestants jetés en prison
Les 16 manifestants interpellés, avant-hier, par les éléments de la Sûreté nationale de Djelfa, ont été mis, hier après-midi, sous mandat de dépôt après avoir été entendus par le procureur de la République près le tribunal de Djelfa, puis par le juge d’instruction.
Les manifestants sont accusés d’“attroupement sur la voie publique”, de “destruction de biens publics” et d’“outrage à un officier de la police judiciaire” qui n’est autre que le maire de Djelfa, M. Khoudiri Belgacem, dont le statut est égal à celui d’un officier de police judiciaire.
Par ailleurs, il faut noter qu’un autre manifestant interpellé lui aussi, se trouve actuellement à l’hôpital de Djelfa, où il a été évacué, hier, suite à des problèmes de santé selon des sources crédibles.

 

http://www.lexpressiondz.com/T20040712/ZA4-2.htm

30 PERSONNES ARRÊTÉES À DJELFA
Le pouvoir réprime la misère
12 juillet 2004 - Page : 4

Les habitants d’Aïn Chih continuent de vivre une précarité et une indigence sans pareilles.

Depuis une année, la ville agropastorale de Djelfa continue de défrayer la chronique. Du congrès des redresseurs du FLN à l’incarcération du journaliste et militant des droits de l’homme, Hafnaoui Benameur Ghoul, en passant par le scandale de la mort suspecte des 14 bébés dans un hôpital de la ville, Djelfa s’est lamentablement illustrée par des images qui l’ont fait sortir de l’anonymat.

Depuis deux jours, ce sont les jeunes des quartiers déshérités d’Aïn Chih qui, contestant la mal vie et la précarité dont ils se trouvent dangereusement victimes, font la une. Pour celui qui connaît la ville, Aïn Chih est un quartier qui résume toute la misère de Djefla.

C’est justement contre cette situation que la jeunesse s’est soulevée, pour dire aussi que les autorités de la ville ne respectent pas leurs engagements, que le wali fait des promesses qu’il ne peut tenir, que les pouvoirs publics ne sont là que pour réprimer et tuer la contestation sociale dans l’oeuf. Les bidonvilles d’Aïn Chih, qui devaient être éradiqués avant le 5 juillet, vont encore s’éterniser. L’eau ne va pas jaillir des robinets et l’électricité ne sera pas raccordée demain. C’est ce que semble dire la répression qui s’est abattue sur les émeutiers : 30 jeunes ont été interpellés, dont 17 placés en garde à vue, selon une source locale.

Cette brusque poussée de tension à Djelfa se passe la veille de la présentation de Ghoul -encore !- devant le juge. «La répression peut faire restaurer l’autorité de l’Etat», pensent les pouvoirs publics. En fait, ils ne font que retarder l’échéance d’un séisme social qui risque de faire tout sauter sur son passage.

Fayçal OUKACI

 

http://www.lanouvellerepublique.com/actualite/lire.php?ida=14020&idc=4

13-07-2004
Djillali Harfouche

16 émeutiers en détention préventive à Djelfa

Tard avant-hier, le fourgon cellulaire avait transféré seize des trente émeutiers arrêtés par les éléments de la Sûreté nationale suite aux émeutes du 10 juillet à Chaoua et au bloc 36. Le dix-septième émeutiers a été transféré à l’hôpital de Djelfa parce que lors de la visite médicale d’incarcération rendue obligatoire par la loi, il a été décelé une malformation cardiaque ignorée par le mutin arrêté. Les familles n’ont été mises au courant de l’emprisonnement de leurs parents que très tard dans la nuit par les journalistes qui ont couvert l’événement.
A cette protestation, il fallait s’y attendre depuis que les services de l’APC de Djelfa se sont rendus sur les lieux pour un dernier recensement établi depuis plus de dix années. La Nouvelle République avait, dans une édition précédente, attiré l’attention sur la crainte des anciens habitants des deux quartiers que les resquilleurs (nouveaux habitants qui, pour la plupart, avaient bénéficié de logements sociaux) soient bénéficiaires de logements. Mais ce qui n’est pas dénoncé, c’est que tous les nouveaux locataires des deux bidonvilles ont acheté chez les anciens des terrains.
Lors de l’une de nos visites, nous avons remarqué que, sur une longueur de 12 mètres, on avait compté quatre portes, ce qui désappointe un petit peu si non beaucoup certains vieux habitants qui nous ont accostés pour exprimer leur désapprobation et de dénoncer les mutins dont l’un a porté plainte contre l’un des animateurs arrêtés.
Cette protestation n’est ni la première, ni la dernière à Djelfa, tant que les ponts de la communication sont coupés et une fin de non recevoir est entretenue par des cercles ou structures. En 2003, après les évènements de Charef, le wali avait reçu la population ou plutôt la délégation des protestataires ; les choses ont évolué positivement. Non seulement les revendications légitimes ont été cernées et prises en charge, mais aussi l’Assemblée populaire communale a repris ses fonctions après une année de gel. Les revendications ne cesseront pas aussi, parce que les Djelfaouis, à l’instar des autres régions de cette terre noble qu’est l’Algérie, se mettent de la partie. Mais si le sensationnel et le règlement de comptes prendront le dessus sur l’objectivité les pauvres malheureux «défendus» par une certaine presse à sensation qui n’a jamais fait état du positif, tous les espoirs des pauvres gens s’estompent et la responsabilité incombera à ceux qui ont mis de l’huile sur le feu.

 

http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=26515

Ils ont été présentés devant le tribunal de Djelfa
Lourdes peines pour les manifestants du quartier Bloc-36
Par Lotfi G. Lu (114 fois)

La 24 (Edition du 17/7/2004)

Les seize manifestants du quartier Bloc-36 qui a été secoué par des émeutes la semaine passée, ont été condamnés à des peines allant de 2 à 6 mois de prison ferme, par le tribunal de Djelfa.
Ainsi, deux manifestants ont été condamnés à 6 mois de prison ferme, un à 4 mois et un autre à 2 mois, alors que huit autres ont écopé d’une peine de 6 mois de prison avec sursis. Par ailleurs, cinq manifestants ont été relaxés. Notons que les inculpés ont fait appel de ces condamnations.

 

http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=26838

 

 

 

 

 

Actualité (Edition du 26/7/2004)

Djelfa de nouveau secouée par des émeutes
Sidi-Laâdjal s’enflamme
Par Lotfi G. Lu (687 fois)

Les émeutes ont débuté tôt dans la matinée d’hier. Les habitants affirment n’avoir trouvé que “ce moyen pour dénoncer l’incurie” des autorités locales.
I
l était 13h quand nous sommes arrivés à Sidi-Laâdjal, un chef-lieu de daïra située à 135 km au nord-ouest de Djelfa. Barricades, pneus incendiés et fumée çà et là étaient visibles à des kilomètres de cette petite ville de 15 000 habitants. “Nous avons soif !!!”, “De l’eau ! De l’eau !”, c’est avec ces slogans que nous avons été accueillis par des dizaines de personnes tenant des jerricans et des bouteilles vides dans les mains… Les habitants de Sidi-Laâdjal ont soif, ils ne manquent pas seulement d’eau, mais aussi de justice…
Les émeutes ont débuté à 8h, les manifestants de cette commune déshéritée n’ont trouvé que ce moyen pour se faire entendre. “Les dinosaures”, comme il leur plaît d’appeler certains responsables, “font la loi ici.” Ils s’agit du chef de daïra, du maire, du subdivisionnaire de l’agriculture, pour ne citer que ceux-là. “Nous vivons sans eau, ni électricité depuis des jours !”, s’écrie un jeune manifestant ajoutant : “Le chef de daïra et le maire viennent de rentrer des vacances et nous, nous souffrons… (...) “Ils ne nous ont fait que de fausses promesses !”.
Le chef de daïra a préféré quitter les lieux dès le premier rassemblement des citoyens, tôt le matin. Le maire, quant à lui, a été contraint de rester à l’intérieur du siège de l’APC tentant vainement d’entrer en pourparlers avec ses concitoyens. Le siège de l’APC comme celui de la daïra ont été carrément fermés avec des pneus brûlés.
Les révoltés de Sidi-Laâdjal sont unanimes : le chef de daïra et le maire sont les seuls responsables de la dégradation de leur ville, et ce, bien que le P/APC ait voulu se justifier en déclarant qu’il était sous l’autorité du chef de daïra. “Nous avons rencontré le chef de daïra plusieurs fois, mais ces rencontres n’ont abouti à rien”, nous dira Mohamed, enseignant. “Le wali a été destinataire d’une lettre de trois pages en date du 29 juin dernier. Plus de cent personnes signataires ont dressé un constat déplorable dans la gestion des affaires de cette commune ; et pour une énième fois, le cabinet a fait la sourde oreille. Aucune suite n’a été donnée aux représentants des citoyens. Les élus ne s’occupent que de leurs affaires !”, nous dira Hamida, 27 ans qui n’a pas pu bénéficier d’un prêt bancaire dans le cadre du soutien à l’emploi des jeunes. “Les administrations ne recrutent que des personnes étrangères à Sidi-Laâdjal”, fait  remarquer un autre, avant de répliquer, “la direction de l’éducation, à titre d’exemple, considère notre ville comme un point de transit, nous n’avons jamais eu une personne stable dans nos écoles…”. “Les jeunes diplômés de notre ville sont marginalisés”, nous dira Abdelkader, 29 ans.  Le secteur de la santé est tout aussi en détérioration. “Nous n’avons qu’un seul médecin, l’unique ambulance, qui existe au centre de santé, n’est disponible qu’aux personnes privilégiées”, nous dira Mostefa qui nous a invités ainsi que plusieurs autres citoyens à partager un petit café, dans sa demeure de fortune, au moment où des dizaines d’autres discutaient dehors, sous un soleil de plomb… Le quartier a pour nom Ettadhamoun (solidarité) et ce n’est pas ça qui manquait. Les jeunes sont ici déterminés : “Nous allons bloquer toutes les routes !…”. En fait, les RN 40A et RN 40B sont presque bloquées depuis la matinée ; la circulation des véhicules y a visiblement diminué.
Les habitants de Sidi-Laâdjal ont décidé de saisir par écrit le wali. Ils réclament le départ immédiat du chef de daïra ainsi que celui du subdivisionnaire de l’agriculture comme ils réclament aussi la constitution d’une commission d’enquête sur la gestion de tous les secteurs de leur daïra.
Au moment où nous mettons sous presse, la ville de Sidi-Laâdjal est restée isolée des autres régions de la wilaya de Djelfa. Les autorités locales, quant à elles, observent un silence radio.