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NATION
Afghanistan - Situation sécuritaire
Des rumeurs à l’origine de l’attaque des locaux de deux ONG dans le nord-est de l’Afghanistan
Bassirat.net
08 Septembre 2004
© Bassirat.net
Une foule en colère a attaqué mardi les locaux de l'organisation Focus for Humanitarian Assistance à Faizâbâd, le chef-lieu de la province du Badakhshan.
Cet accès de fièvre semble avoir été provoqué par des rumeurs d’empoisonnement et de viols d’Afghanes travaillant pour l'organisation Focus for Humanitarian Assistance. « Quatre femmes travaillant pour Focus ont été empoisonnées et ont été emmenées à l'hôpital », a affirmé à l'AFP le vice-gouverneur de la province Shamsul Rahman Shams. Elles se sont évanouies alors qu’elles manipulaient des mélanges nutritionnels destinés à enrichir du blé.
Le séjour prolongé des femmes dans les locaux de l'organisation a déclenché les rumeurs et provoqué la colère de la foule qui a jeté des pierres sur le bâtiment abritant l’ONG Focus. Les bureaux voisins de l’ONG Medair ont également été visés et un début d’incendie a été maîtrisé. Le personnel de Focus (10 personnes environ) ainsi que les expatriés travaillant pour Medair ont quitté Faizâbâd.
Sous couvert de l’anonymat, deux officiels membres du gouvernement ont affirmé à l’agence Reuters qu’une autre rumeur accusant les membres de Focus de se livrer à des activités prosélytes pourrait être à l’origine de l’attaque des locaux de l’ONG. Focus appartient au Réseau Aga Khan pour le Développement (AKDN) dirigée par le prince Aga Khan, le leader de la communauté ismaélienne. Considérés comme hérétiques par les sunnites, les ismaéliens (ou septimaniens) sont des chiites qui considèrent Ali, cousin et gendre du prophète, comme son successeur légitime. Toutefois, alors que la majorité des chiites reconnaissent douze imams comme descendants légitimes d'Ali, les ismaéliens arrêtent la lignée de leurs imams à Ismaïl, fils du VIème imam, qui fut appelé par ce dernier à lui succéder avant même son décès en 760 après J.C..
http://www.courrierinternational.com/AFP/depeche.asp?obj_id=040922070744.8pypvhk9
22/09/2004 - 09:07
FAIZABAD (Afghanistan), 22 sept (AFP)
Baptême
du feu pour les troupes allemands fraîchement débarquées à Faizabad
La peinture de leurs baraquements n'est pas encore sèche que déjà des questions se posent à Faizabad (nord de l'Afghanistan) sur le rôle des troupes allemandes à la lumière des émeutes du 7 septembre dirigées contre des organisations humanitaires locales.
"Nous sommes encore en phase d'installation et nous avons fait tout ce que nous pouvions avec le peu de soldats dont nous disposons ici", explique le lieutenant-colonel Hans-Dieter Baier, commandant de la quarantaine d'hommes qui forment l'avant-garde de l'Equipe de Reconstruction provincialeofficiellement ouverte le 1er septembre à Faizabad par l'armée allemande.
A terme, la PRT allemande doit compter 80 hommes et doit mener, comme une douzaine d'autres Equipes du genre en Afghanistan, des projets de reconstruction tout en assurant la sécurité localement.
Pourtant, dans cette ville de l'extrême-nord afghan habituellement épargnée par les violences, plusieurs centaine d'émeutiers, alertés par des rumeurs de viols d'Afghanes travaillant pour des ONG, ont mis à sac le 7 septembre les locaux de deux organisations et blessé une dizaine de leurs employés.
Pas de police locale ou de troupes allemandes pour ramener l'ordre, mais quelques courageux gardes des agences des Nations unies voisines et d'une entreprise de sécurité privée stationnés à proximité qui ont apporté les premiers secours.
"On a fait comme si on était armé, mais si les émeutiers s'en étaient pris à nous on ne pouvait que prendre nos jambes à notre cou", a raconté à l'AFP sous couvert d'anonymat un de ces gardes privés.
L'ordre est finalement revenu avec l'intervention d'un commandant d'une milice locale, Mohammed Nasir, qui a menacé d'ouvrir le feu sur les émeutiers, ont expliqué à l'AFP certains des employés des deux ONG visées, Focus for Humanitarian Assistance et Medair.
Selon le lieutenant-colonel Thomas Scheibe, l'armée allemande avait positionné des hélicoptères à Kunduz, à 200 km à l'ouest, en cas d'évacuation rapide nécessaire.
Les soldats allemands "sont venus le lendemain nous expliquer la situation, mais le jour des émeutes ils se cachaient sous leurs lits", affirme un des Afghans qui a secouru les employés assiégés dans leurs locaux.
Certains employés d'ONG ont pourtant trouvé refuge dans la PRT allemande: "nous nous sommes échappés et réfugiés à la PRT et personne ce jour-là ne s'est plaint de la présence des soldats allemands", se rappelle Chris Thoreson, qui travaille à des projets d'hydraulique avec l'ONG Shelter for Life, en coopération avec les troupes allemandes.
L'Allemagne dispose en Afghanistan d'un contingent de quelque 2.000 soldats au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf), initialement chargée de la sécurité à Kaboul, mais dont la mission a été étendu à certaines parties du nord du pays, généralement épargné par la violence entretenue par les talibans et leurs alliés d'Al-Qaïda.
Ce mandat des troupes allemandes prend fin à la mi-octobre et doit être éventuellement renouvelé à l'issue d'un débat parlementaire qui s'ouvre jeudi.
"Notre devoir est de protéger ceux qui ont besoin de nous et nous l'avons fait en les soignant", souligne le lieutenant-colonel Scheibe. Onze employés d'agences de l'Onu ont trouvé refuge à la PRT qui a soigné cinq blessés.
Selon des analystes militaires, l'Allemagne a adopté en Afghanistan une stratégie non publique visant à épargner les pertes humaines ("non-explicit zero casualty role", dans le jargon technique militaire).
La PRT de Faizabad est la deuxième en Afghanistan de l'armée allemande qui a pris en charge en janvier l'équipe de reconstruction de Kunduz, où sont stationnés 270 soldats allemands.
http://www.courrierinternational.com/AFP/depeche.asp?obj_id=040925074756.rywcpsis
25/09/2004 - 09:47
FAIZABAD (Afghanistan), 25 sept (AFP)
La
peur gagne les Afghanes qui se risquent à travailler avec les étrangers
Elles étaient agent électoral ou médecin et travaillaient avec des organisations étrangères à Faizabad, mais depuis les émeutes de début septembre qui ont frappé cette ville de l'extrême-nord afghan d'habitude épargnée par les violences, la peur a gagné.
"Avant, je rendais souvent visite à Médecins sans Frontière, l'Unicef ou l'Organisation mondiale de la Santé, mais maintenant je ne peux plus, j'ai trop peur", explique à l'AFP la doctoresse Hajira Zia, chef du département de gynécologie et d'obstétrique de l'hôpital de Faizabad, à 500 km au nord-est de Kaboul.
Travaillant avec l'Onu aux opérations d'enregistrement des électeurs en vue de l'élection présidentielle du 9 octobre, la jeune Ghul Jan Harimya n'ose plus monter dans un véhicule frappé du logo bleu des Nations unies.
Il y a un mois, Faizabad, capitale de la province de Badakhshan, était réputée comme le "lieu le plus sûr d'Afghanistan" pour les organisations internationales.
Mais le 7 septembre, une rumeur de viols de quatre Afghanes dans une ONG a jeté la population dans la rue à l'assaut des organisations humanitaires employant des Afghanes.
Les locaux de Focus for Humanitarian Assistance, une ONG du réseau de l'Aga Khan, très actif dans le nord de l'Afghanistan, et l'organisation suisse Medair étaient attaqués et brûlés et une dizaine de leurs employés blessés.
"Les gens disaient +Nous sommes musulmans et pourquoi des étrangers viennent-ils violer nos femmes+", se souvient le chef de la police locale Ghulam Buharrudin Bahu.
Réalité ou rumeur, les habitants de Faizabad ont jugé que l'honneur de leurs femmes avait été touché et sont bien décidés à ce que cela ne se reproduise plus.
"Les gens m'insultent quand je pars travailler", explique à l'AFP Ghul Jan Harimya, qui préfère désormais marcher que prendre les véhicules de l'Onu.
Les leaders tribaux de Faizabad et des environs ont écrit aux autorités locales pour leur demander d'interdire le travail des Afghanes dans des organisations étrangères.
"Ils me demandent pourquoi faut-il que des femmes travaillent pour des étrangers alors qu'il y a de jeunes hommes intelligents qui parlent anglais", explique le chef de la police.
"L'Afghanistan est un pays où les gens n'aiment pas voir leurs femmes ou leurs filles travailler à l'extérieur. Nous essayons de leur parler des droits des femmes, mais la population n'a pas envie de les voir travailler pour des étrangers", poursuit le chef de la police.
L'exemple de Faizabad a fait tache d'huile dans d'autres régions.
"Il y a une montée de l'hostilité et des questions se posent dans d'autres provinces. On voit apparaître des tracts menaçants", note Nick Downie, de l'organisation Anso qui travaille sur les problèmes de sécurité pour les milliers d'ONG travaillant en Afghanistan.
D'autres Afghans ont appris plus de pragmatisme après des années de violence. A Baharak, un autre district du Badakhshan, Fausia, une mère de famille dans la quarantaine, reste désormais à la maison après avoir travaillé sur des projets de développement agricole.
"C'est dur de rester à la maison quand on a pris l'habitude de travailler", confie-t-elle. Mais, avec le soutien de son mari Ata Bhouri, elle est bien décidée à reprendre son travail lorsque l'orage sera passé.
"Pendant des années, les talibans ont empêché les femmes de travailler. On a attendu, puis elles ont repris le travail. Alors cette fois-ci, on va encore attendre quelques semaines, et puis les femmes retourneront travailler", explique le mari de Fausia.