AP | 07.03.04 | 18:13
GAZA,
Bande de Gaza (AP) -- Des raids israéliens dans la Bande de Gaza ont fait 14
morts côté palestinien dimanche, au lendemain d'une attaque coordonnée de
trois groupes radicaux palestiniens et alors qu'Israël redoute des attentats
pendant la fête juive du Pourim.C'étaient les raids les plus meurtriers depuis octobre 2002 dans la Bande de Gaza, qui connaît actuellement un regain de violence, chaque partie voulant s'attribuer le mérite du retrait annoncé de l'armée israélienne en cas de blocage permanent du processus de paix.
Dimanche, les incursions dans les camps de réfugiés de Boureij et Nousseirat ont tué au moins dix activistes, dont neuf du Hamas selon le groupe, et quatre civils, dont trois garçons âgés de 8, 12 et 15 ans. Les autorités locales signalaient également 81 blessés.
Pendant plus de six heures, des centaines de Palestiniens armés de fusils d'assaut, missiles antichar et roquettes ont affronté les soldats israéliens qui tiraient depuis des hélicoptères, des chars et du haut des toits. Des centaines d'enfants ont pris les chars et troupes en chasse, leur jetant des pierres. Les raids ont endommagé des lignes électriques alimentant le centre de Gaza et un dépôt de carburant, selon des sources palestiniennes.
Dans l'après-midi, des dizaines de milliers de personnes ont assisté aux funérailles des 14 Palestiniens tués. Des centaines de miliciens ont tiré en l'air, suivis par une foule qui promettait «résistance» et «guerre sainte» jusqu'au départ «des derniers envahisseurs sionistes de (la) terre sacrée».
L'armée affirme avoir frappé «une infrastructure terroriste» à Boureij mais les perquisitions n'ont abouti à aucune saisie d'armes ni arrestation. L'autre but du raid consistait apparemment à faire sortir les activistes, une nouvelle tactique que développerait l'armée avant son retrait.
Le ministre palestinien Saeb Erekat a condamné les raids, appelant à la reprise des négociations sur la «feuille de route» pour la paix. «Au moment où (les Israéliens) parlent de se retirer de Gaza, ils détruisent Gaza», a-t-il lancé.
«Le terrorisme vient de ce camp de réfugiés et nous devons stopper cela. Nous pensons qu'en agissant ainsi nous avons prévenu des actes de terreur en Israël et sauvé de nombreuses vies», a déclaré de son côté le porte-parole du gouvernement israélien Avi Pazner.
Samedi, le Hamas, le Djihad islamique et les Brigades des martyrs d'Al Aqsa avaient conjointement revendiqué une attaque concertée mêlant bombes et fusillades contre les soldats israéliens au point de passage d'Erez entre la Bande de Gaza et Israël. Quatre assaillants et deux policiers palestiniens avaient péri.
Après cela, Israël a fermé le point de passage utilisé par 19.000 Palestiniens pour aller travailler dans l'Etat hébreu. Le chef d'état-major israélien Moshe Yaalon a déclaré qu'une décision serait bientôt prise au sujet de la réouverture du point, frappé par trois attaques meurtrières depuis le 24 janvier.
En attendant un éventuel retrait unilatéral, l'Etat hébreu pourrait intensifier les opérations militaires afin d'éviter de donner l'impression de s'enfuir. Les bombardements contre des activistes à Gaza ont tué sept militants palestiniens et un enfant de dix ans la semaine passée.
Etant donné la situation, Jibril Rajoub, haut responsable de la sécurité palestinienne, a annoncé dimanche à la radio que le chef du renseignement égyptien, Omar Suleiman, rendrait bientôt visite au président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat pour discuter du projet d'Ariel Sharon. Le Caire n'a pas fait de commentaire.
Pendant ce temps, les juifs célébraient Pourim, la fête d'Esther qui selon la tradition a évité l'extermination de son peuple. Cette fête donne lieu à de nombreuses parades costumées dans lesquelles d'éventuels agresseurs seraient d'autant plus difficiles à repérer.
La sécurité a été renforcée dans tout l'Etat hébreu, avec des barrages et points de contrôles supplémentaires. A Hébron (Cisjordanie), les quelque 500 colons juifs radicaux, dont beaucoup étaient déguisés en activistes palestiniens, ont défilé sous haute protection militaire. Pourim est régulièrement marqué par des violences meurtrières. AP