http://www.lutte-ouvriere-journal.org/article.php?LO=1891&ARTICLE=40

Lutte Ouvrière n°1891 du 29 octobre 2004

Guadeloupe : émeute de la colère à Pointe-à-Pitre

En Guadeloupe, une après-midi et une nuit d’émeute ont secoué Pointe-à-Pitre, samedi 23 et dimanche 24 octobre. Ces événements ont démarré à la fin d’une manifestation de soutien à Michel Madassamy, responsable du syndicat indépendantiste UGTG, emprisonné depuis plus de trois semaines et en grève de la faim depuis. La manifestation était organisée par l’UGTG, d’autres syndicats (CGTG, syndicats enseignants) et des partis politiques (Parti Communiste, KLNG, UPLG, Combat Ouvrier).

Des groupes de militants et de jeunes ont demandé aux commerçants de fermer par solidarité. Par crainte, ils s’exécutaient, mais immédiatement après le passage de la manifestation ils rouvraient leurs grilles. Des manifestants sont donc revenus à plusieurs reprises pour leur redemander de fermer. Un des commerçants refusa catégoriquement et sortit un revolver. Des policiers s’interposèrent, l’un d’entre eux sortit son arme et tira des balles en plastique, blessant quelques jeunes. L’arrivée en nombre des forces de répression fit exploser la colère des jeunes. Des voitures furent renversées et brûlées. Face aux tirs nourris de grenades lacrymogènes, les jeunes répondirent en lançant des pierres sur les forces d’intervention.

Ces premiers incidents attirèrent d’autres jeunes ainsi que des travailleurs des quartiers pauvres entourant Pointe-à-Pitre, et les affrontements continuèrent toute l’après-midi. Les forces de répression arrosaient les rues de grenades lacrymogènes, même là où il n’y avait pas de manifestants. Deux hélicoptères de la gendarmerie tournoyaient au-dessus de la ville, jetant eux aussi des lacrymogènes.

C’est dans le quartier pauvre de Boissard que les incidents furent les plus violents. À plusieurs reprises les jeunes firent reculer les gendarmes sous leurs volées de pierres. Certains furent interpellés et copieusement tabassés. Dans la nuit, dans le quartier du Carénage, autre quartier pauvre, des bandes de jeunes encagoulés et armés ont affronté les forces de répression, lesquelles tiraient sur eux à balles réelles, faisant quatre blessés. Le lendemain, la ville de Pointe-à-Pitre présentait un aspect de désolation. Au cours des violents incidents, treize jeunes furent interpellés et huit d’entre eux incarcérés. Cinq ont été condamnés lundi 25 octobre à des peines allant de un à quatre mois de prison ferme et trois attendent leur jugement.

Les organisations syndicales et politiques qui réclament la libération de Madassamy ont pris fait et cause pour ces jeunes, pour la plupart victimes du chômage, de la misère, et du désespoir qui en découle. Ces mêmes organisations ont prévu une série de meetings ainsi qu’une manifestation pour la semaine prochaine.

Une semaine de tension

Ces violences étaient facilement prévisibles car, la semaine précédente, une série d’événements avait fait monter la tension dans l’île, dont l’interpellation de près d’une douzaine de dirigeants syndicalistes le mercredi 20octobre au matin. On sait maintenant que c’est le préfet Paul Girod de Langlade qui en avait donné l’ordre. Certains dirigeants ont été arrêtés dans leur voiture, comme le secrétaire général de l’UGTG des employés communaux, Guy Suzanon. À Capesterre, des gendarmes tentèrent de maîtriser le secrétaire général de
la CGTG et militant de Combat Ouvrier Jean Marie Nomertin, mais il réagit et ses camarades ouvriers de la banane le dégagèrent des mains des gendarmes. L’un de ces derniers mit même Nomertin en joue pour l’intimider. Une autre responsable de la CGTG , Marie-Agnès Castrot, par ailleurs militante de Combat Ouvrier, fut emmenée menottée à la gendarmerie de Capesterre. Gaby Clavier, ex-secrétaire général de l’UGTG, venu demander des comptes sur cette interpellation, fut lui-même arrêté. Pendant toute la journée, les militants de la CGTG alertés ont manifesté devant la gendarmerie, exigeant la libération des deux militants, qui eut lieu vers 18h.

Tout au long de la semaine, des incidents eurent lieu notamment devant les hypermarchés Carrefour à Baie-Mahault et aux Abymes. Ces deux magasins durent fermer leurs portes à plusieurs reprises. Là aussi, des tentatives d’intimidation eurent lieu, deux vigiles grévistes syndiqués à l’UGTG furent emmenés par les gendarmes et gardés plusieurs heures.

Les grèves et blocages

Dans un certain nombre d’entreprises, les travailleurs ont déclenché la grève à la demande de la direction de l’UGTG. Ils mettent aussi en avant leurs propres revendications. D’autant que c’est la période des négociations annuelles (NAO) souvent houleuses. Dans d’autres entreprises, ce sont des travailleurs de
la CGTG voire de la CTU qui sont en pointe.

C’est ainsi que tous les syndicats du port autonome de
la Guadeloupe (UGTG, CGTG, MASU) ont déclenché la grève totale ainsi que les portiqueurs. Les travailleurs municipaux sont en grève. Les cantines scolaires ne fonctionnent pas. À l’heure où nous écrivons, les mairies de Pointe-à-Pitre, Abymes, Baie-Mahault, Petit-Bourg, Goyave ne fonctionnent pas ou très peu.

Les employés de l’ANPE sont en grève totale ou partielle suivant les agences. Aux Ciments Antillais (Ciments Lafarge), les travailleurs ont repris le travail après plusieurs jours de grève et après avoir obtenu satisfaction. Ceux de Colas, entreprise du bâtiment, sont entrés en grève à l’appel de leurs syndicats. À
la CAF et à la Sécurité sociale, des militants de l’UGTG manifestent devant les entrées presque tous les jours et la majorité des employés retournent chez eux.

Dans les banques, après la longue grève du début de l’année, les patrons revenant sur les décisions prises, les employés menacent à nouveau d’entrer en grève.

Les travailleurs de Bata sont actuellement en grève pour exiger que leurs revendications en NAO soient prises en compte et aussi exiger la libération de Madassamy. Les travailleurs du Conseil régional (UGTG) sont entrés en grève.

Devant le CHU de Pointe-à-Pitre - Abymes plusieurs dizaines d’employés, principalement de l’UGTG, filtraient les entrées. Mardi 26 ils faisaient face aux forces de gendarmerie.

Dans d’autres entreprises, c’est la grogne, notamment dans celles situées autour de l’aéroport.

Correspondant local

 

http://www.mediatropical.com/fr/news/infos_article.php?idrub=2&idart=10449

Incidents lors d'une manifestation de l'UGTG à Pointe-à-Pitre

par AFP, le 28-10-2004 à 10:30:05

Des incidents ont éclaté lors d'une manifestation organisée à Pointe-à-Pitre samedi 23 octobre 2004 par l'Union générale des travailleurs guadeloupéens (UGTG - indépendantiste)), sans faire de victimes, a-t-on appris de source sûre.

De nombreux jeunes des quartiers défavorisés de la périphérie de Pointe-à-Pitre se sont invités à la manifestation syndicale et jettent des pierres sur les policiers qui tentent de maintenir l'ordre en répliquant par des jets de gaz lacrymogène.

Selon des témoins, les sapeurs-pompiers éprouvent les pires difficultés pour accéder sur les lieux des affrontements.

Ces incidents interviennent quelques heures après le transfert du dirigeant syndical Michel Madassamy au CHU de Pointe-à-Pitre.

Celui-ci avait entamé une grève de la faim depuis le 5 octobre, au lendemain de son placement en détention à la maison d'arrêt de Baie Mahault.

Son état de santé n'est plus compatible avec sa détention, selon ses avocats.L'UGTG avait une nouvelle fois appelé ses adhérents à manifester dans les rues de Pointe-à-Pitre.

Le syndicaliste purge une peine de dix mois de prison pour avoir commis des dégradations, deux ans plus tôt, dans un commerce et sur des camions de la compagnie pétrolière Texaco lors de manifestations organisées par le syndicat indépendantiste.

 

http://www.mediatropical.com/fr/news/infos_article.php?idrub=2&idart=10450

Manifestation à Pointe-à-Pitre : 4 policiers blessés, 13 interpellations

par AFP, le 28-10-2004 à 10:29:53

                   
Quatre policiers ont été blessés, dont deux par armes à feu, une dizaine de magasins ont été éventrés ou pillés, 23 voitures incendiées et 13 personnes interpellées lors d'une manifestation organisée samedi 23 octobre 2004 à Pointe-à-Pitre par la centrale syndicale indépendantiste UGTG, a indiqué dimanche le préfet de la Guadeloupe.

En tenant une conférence de presse dimanche soir à Pointe-à-Pitre, le préfet Paul Girot de Langlade a donné lecture d'une longue déclaration écrite en appelant, sans les nommer, les syndicalistes de l'UGTG à "mettre un terme aux actions qu'ils ont engagées".

Au bilan dressé par le préfet s'ajoute le pillage d'un amphithéâtre de la faculté de médecine de Pointe-à-Pitre, dont les équipements de visio-conférence ont été volés. Son doyen, le professeur Eustase Janky, a indiqué dimanche soir que les cours, qui se déroulaient en Guadeloupe et Martinique par visio-conférence, étaient suspendus jusqu'à mardi.

Le préfet, dont les services observaient un silence relatif depuis le début de la mobilisation des militants de l'UGTG il y a une dizaine de jours, a rappelé que "l'obligation de déclaration préalable" des manifestations s'imposerait désormais.

"Nul n'est dupe que des groupes de jeunes, déterminés et violents, ont été instrumentalisés pour faire dégénérer la manifestation dans le cadre d'une action concertée et préméditée" a-t-il affirmé.

Il a ajouté que ses services envisagent "la mise en cause civile, donc financière et pénale, des organisateurs au titre de ces agissements".Les syndicalistes de l'UGTG, qui se prétendent victimes d'un acharnement judiciaire, avaient organisé samedi une manifestation pour la libération d'un de leurs dirigeants, Michel Madassamy, condamné à huit mois de prison.

Il observe une grève de la faim depuis son incarcération le 4 octobre et a été transféré samedi dans une chambre carcérale du CHU de Pointe-à-Pitre.

M. Madassamy, l'un des organisateurs des actions dures de l'UGTG, avait été condamné pour le saccage, en mai 2001, d'un fast-food resté ouvert le jour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage et pour des dégradations commises sur les camions-citernes d'une compagnie pétrolière lors d'une grève

 

http://www.mediatropical.com/fr/news/infos_article.php?idrub=2&idart=10512

Le port de Pointe-à-Pitre paralysé par une grève des dockers

par AFP, le 29-10-2004 à 10:23:32

Le port de commerce de Pointe-à-Pitre est paralysé depuis trois jours par une grève des dockers qui réclament la libération d'un dirigeant syndicaliste emprisonné, et appuient des revendications catégorielles dans plusieurs entreprises ou services publics.  

Après être resté trois jours à quai sans avoir été déchargé, le porte-conteneurs "Fort Saint-Pierre" a quitté Pointe-à-Pitre mercredi 27 octobre 2004 pour une autre île des Caraïbes, a-t-on appris de source maritime.

Plusieurs centaines de conteneurs destinés à la Guadeloupe ont déjà été déchargés dans d'autres ports, en Martinique, à la Barbade, à Saint-Domingue et à Curaçao.

Cette situation engendre, selon l'UDE-MEDEF de la Guadeloupe, "un risque certain de pénurie à court terme" dans une île qui importe plus de 90% de ses produits de consommation courante.

A l'origine de la grève, la centrale syndicale indépendantiste UGTG réclamait initialement la libération de son leader Michel Madassamy, condamné à huit mois de prison et en grève de la faim depuis son incarcération le 4 octobre.

Mais elle a ajouté depuis des revendications sectorielles, à la Sécurité sociale, au CHU de Pointe-à-Pitre et dans des entreprises privées, où des syndiqués UGTG se sont proclamés en grève.En parvenant à empêcher toute activité portuaire, le syndicat semblait jeudi vouloir paralyser l'île en douceur.

Après une manifestation ayant a tourné à l'émeute samedi à Pointe-à-Pitre, l'UGTG a été gravement mis en cause par le préfet Paul Girot de Langlade qui a évoqué une "action concertée et préméditée".

Quatre policiers avaient été blessés, dont deux par armes à feu, une dizaine de magasins éventrés ou pillés, 23 voitures incendiées et 13 personnes interpellées.

M. Madassamy a été condamné pour le saccage, en mai 2001, d'un fast-food resté ouvert lors de la commémoration de l'abolition de l'esclavage et pour des dégradations commises sur les camions-citernes d'une compagnie pétrolière lors d'une grève. 

 

http://www.mediatropical.com/fr/news/infos_article.php?idrub=2&idart=10426

Marche nocturne et barrages routiers en Guadeloupe à l'appel de l'UGTG

par AFP, le 28-10-2004 à 10:35:17


Plusieurs barrages ont été érigés mercredi matin 20 octobre 2004 sur différents axes routiers de la Guadeloupe à l'initiative de l'Union générale des travailleurs guadeloupéens (UGTG), qui avait organisé la veille une marche nocture dans les rues de Pointe-à-Pitre, a constaté un journaliste de l'AFP.

C'est le début de l'"intensification de l'action" déclenchée mardi par l'UGTG, a indiqué Gaby Clavier, membre du comité directeur du syndicat sur Radio Guadeloupe.La centrale indépendantiste réclame la libération de Michel Madassamy, l'un de ses dirigeants, incarcéré depuis le 4 octobre.

La justice reproche à M. Madassamy d'avoir participé, deux ans plus tôt, à des dégradations d'un commerce et des camions de la compagnie pétrolière Texaco lors de manifestations organisées par la centrale.

Le syndicat affirme que celui-ci est aujourd'hui très affaibli après deux semaines de grève de la faim.Des barricades, constituées de troncs d'arbres, de poubelles ou de bennes à ordures, empêchent toute circulation automobile vers Pointe-à-Pitre, principal centre d'activité de l'île, mercredi matin.

Une importante présence policière est également visible sur les divers points de blocage.Mardi en début de soirée, entre 300 et 400 personnes avaient participé à une marche nocturne dans les rues de Pointe-à-Pitre.

Une manifestation qui a connu quelques débordements, lorsque des jeunes, infiltrés dans le cortège, ont renversé des voitures, avant de s'attaquer à des commerces.L'UGTG avait appelé mardi à un "mouvement de mobilisation générale" qui a affecté plusieurs secteurs d'activité publics et privés

 

http://www.mediatropical.com/fr/news/infos_article.php?idrub=2&idart=11562

La suspension d'exécution de peine de M. Madassamy maintenue par la juge

par AFP, le 7-1-2005 à 22:56:56

Michel Madassamy, le dirigeant de la centrale syndicale indépendantiste UGTG dont l'exécution de la peine de 8 mois de prison avait été suspendue en novembre dernier après une grève de la faim de 34 jours, est ressorti libre jeudi après-midi 6 janvier 2005 du Palais de justice de Pointe-à-Pitre, a-t-on constaté.

A l'issue de trois heures d'audience à huis clos, au cours de laquelle M. Madassamy était assisté de sept avocats, la juge d'application des peines, qui rendra son jugement le 21 janvier, a décidé de maintenir la suspension d'exécution de peine qu'elle avait accordée au syndicaliste en novembre dernier.

Il a notamment fait valoir, selon ses avocats, un projet professionnel se fondant sur un protocole d'accord, signé en avril 2001, prévoyant la constitution d'une société de transports de produits pétroliers appelée à reprendre une partie des activités de l'entreprise qui l'employait alors.

Un peu plus d'une centaine de manifestants, selon une estimation policière, s'étaient massés devant le Palais de justice de Pointe-à-Pitre. Ses accès étaient contrôlés par un important dispositif de maintien de l'ordre.

En octobre dernier, une manifestation organisée par l'UGTG pour la libération de M. Madassamy avait tourné à l'émeute: quatre policiers avaient été blessés, dont deux par armes à feu, une dizaine de magasins éventrés ou pillés, 23 voitures incendiées et 13 personnes interpellées.

M. Madassamy, l'un des organisateurs des actions dures de l'UGTG, avait été condamné pour le saccage, en mai 2001, d'un fast-food resté ouvert le jour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage et pour des dégradations commises sur les camions-citernes d'une compagnie pétrolière lors d'une grève.